Gauchiasses

449 readers
1 users here now

Nous sommes

https://external-content.duckduckgo.com/iu/?u=https%3A%2F%2Fmedia4.manhattan-institute.org%2Fsites%2Fcj%2Ffiles%2Fportland-violence.jpg&f=1&nofb=1&ipt=91b61cf3f13a9e40b91bdab0a5973be9fa44a5bee84d87891fdad4f79a1ba8fa&ipo=images

Nous ne sommes

https://external-content.duckduckgo.com/iu/?u=https%3A%2F%2Fwww.washingtonpost.com%2Frf%2Fimage_1484w%2F2010-2019%2FWashingtonPost%2F2012%2F01%2F13%2FForeign%2FImages%2FRussia_Protest_0b91b.jpg%3Ft%3D20170517&f=1&nofb=1&ipt=8fa787287d738c3d92562327208a425cf6c49c29e200c960cff447270577d499&ipo=images

Mais le plus important

https://external-content.duckduckgo.com/iu/?u=https%3A%2F%2Fcdn.cnn.com%2Fcnnnext%2Fdam%2Fassets%2F200210153738-portland-antifa-sign-file-super-tease.jpg&f=1&nofb=1&ipt=4ab86b771ceb2905d78153f9cd18e3f24d19c580d691a8541dd897d1dc8ff980&ipo=images

founded 1 year ago
MODERATORS
26
 
 

L’absence de majorité à l’Assemblée nationale ouvre une période d’instabilité inédite. Un gouvernement de droite soumis à la pression du RN poursuivra les attaques contre les salarié·es des villes et des villages. Les syndicats combatifs peuvent reprendre la main sur l’agenda. La question de l’unification du syndicalisme de lutte fait partie de l’équation, pour un rapport de force ­permettant enfin au mouvement social d’engranger des victoires.

Face à la menace d’une victoire du Rassemblement national lors des dernières élections l’UCL a pris ses responsabilités en appelant à voter « sans illusions ni scrupules » pour les candidats du Nouveau Front populaire. Nous n’allons donc pas reprocher aux structures syndicales d’avoir fait le même choix… même si certaines ont fait une apologie du programme du NFP sans aucune réserve.

En revanche nous tirons la sonnette d’alarme : il ne faut que les syndicats s’alignent derrière le NFP pour exiger un·e Premier ministre « de gauche » que les partis furent d’ailleurs bien en peine de promouvoir… Comme si nous avions oublié le triste bilan des gouvernements « de gauche » de 1981, 1997 et plus récemment celui d’Hollande ! Le syndicalisme a déjà payé très cher son soutien à des gouvernements « de gauche », qui a conduit les travailleurs et travailleuses à mettre dans le même sacs partis et syndicats… d’autant que dans les entreprises et les villes les militants portaient souvent les deux casquettes !

Laissons le NFP dans ses dissensions, unissons-nous dans la lutte

Quand le NFP prétend avoir gagné les élections, l’arc parlementaire, de Macron au RN, prouve le contraire. Et si Macron, en nommant un Premier ministre LR, fait un déni démocratique évident, nous disons que cela met la démocratie bourgeoise à nu : elle n’a rien de démocratique et, pour cette raison, il n’y a rien à en attendre de bon.

Face au spectacle des dissensions entre partis « de gauche », aux insultes qu’ils échangent médiatiquement au quotidien et au jeu des ambitions personnelles qui contribuent à diviser notre classe sociale, nous clamons que la lutte syndicale doit nous unir sérieusement face aux capitalistes et à leurs valets politiques pour inverser le rapport de forces, stopper l’offensive libérale. Stopper l’extension de la pauvreté, stopper la destruction des services publics. Stopper les politiques anti-immigrés qui ne servent qu’à diviser le camp des travailleurs et travailleuses.

C’est pourquoi nous affirmons plus que jamais la nécessité de renforcer nos structures syndicales en veillant à les rendre plus combatives, plus démocratiques, plus unitaires. Les discussions en cours entre la CGT et la FSU portent l’espoir de reconstruire progressivement une confédération unissant à nouveau les enseignant-es avec tous les autres salarié-es, du privé comme du public, comme aux plus beaux jours des premières bourses du travail.

Le camp des travailleurs et travailleuses ne gagne que quand il lutte dans l’unité la plus large. Le 1er octobre est un tour d’échauffement. Préparons l’affrontement.

27
 
 

L'#UnionCommunisteLibertaire relaie cet appel sur #Tours, retrouvez nous aussi lors de la journée internationale de #DefenseIVG le 28 septembre :

  • contre la #CultureDuViol
  • contre l'impunité
  • contre la #JusticePatriarcale -> #AutodefenseFeministe & #RevolutionLibertaire !
28
29
 
 

Face aux défis du réchauffement climatique, de l’effondrement de la biodiversité et de la raréfaction de l’eau, la forêt devient un enjeu politique majeur. Nous considérons la forêt comme un bien commun qui doit être protégé des errements capitalistes rêvant de profits à court terme. Le 5 octobre, la Creuse accueillera une grande manifestation nationale contre deux projets industriels emblématiques qui menacent les forêts du Limousin.

Chaque massif forestier a son histoire, ses espèces, ses filières artisanales et industrielles spécifiques. Chaque forêt joue un rôle écologique, économique et social. C’est pourquoi la forêt est, depuis longtemps, l’objet de combats politiques autour des droits de propriétés, d’usages et d’accessibilité.

La forêt possède de nombreuses vertus écologiques et le bois aussi, à condition de limiter les prélèvements au seuil du renouvellement naturel, de respecter l’écosystème en pratiquant une sylviculture douce à couvert continu : un « jardinage » qui permet à la forêt de se régénérer elle même en prélevant petit à petit les arbres arrivés à maturité.

Le bois est indispensable aux papiers et cartons appelés à remplacer le plastique. Il est nécessaire dans la construction et incontournable dans les bâtiments « zéro énergie » [1]. Il est précieux pour un ameublement durable et encore utile au chauffage individuel en zone rurale montagneuse. Pour ces seules fonctions la ressource forestière serait bien suffisante.

Mais le bois est victime de surconsommation dans le cadre de la mondialisation du commerce et des besoins du transport international en container  : caissettes, palettes, boites cartonnées à usage bien souvent unique. La plus grande menace, cachée sous de pseudos motifs « écolos » provient des demandes en bois énergie joliment qualifiée de biomasse  : un peu dans l’industrie mais surtout dans les chaufferies des grandes villes.

Sans compter les dernières folies qui projettent de faire voler des avions « verts » avec un « bio-carburant » tiré de la forêt landaise en même temps qu’un projet prévoit d’y couper des milliers d’hectares de pins pour installer des panneaux solaires… Bref l’industrie forestière rejoint les maux de l’agro-industrie.

L’humanité a toujours tiré profit de sa forêt proche pour ses besoins élémentaires  : se chauffer, se loger, fabriquer des objets de toute sorte. Mais depuis quelques années le processus s’est inversé : les bois traversent la planète globalisée pour y être valorisés selon les critères du marché. Ainsi nos chênes partent se faire découper en Chine pour nous revenir en parquets produits en Pologne. Pire encore ce sont les industriels qui dictent aux forestiers les essences, les caractéristiques et les volumes qu’il faut planter et couper. Avec un double défi  : la destruction des forêts de feuillus (chênes, hêtres, charmes…) et des haies d’une part  ; l’extension de champs ­d’arbres plantés (en majorité des pins Douglas) d’autre part.

L’État et l’industrie destructeurs des forêts

C’est sous Sarkozy que la première offensive majeure a été lancée combinant une destruction des missions centenaires de l’Office nationale des forêts (ONF), dont la préservation des forêts, et la coupe massive d’arbres de haute valeur, les très vieux chênes en particulier. Les personnels s’étaient alors courageusement mobilisés pour refuser cette politique et l’abattage des forêts domaniales (25% des forêts françaises) pour renflouer les caisses de l’État.

Une même logique s’installe en forêt privée : les grosses scieries automatisées ne savent plus traiter les fûts les plus gros ou bien juste « différents » et Ikea a tué les menuisiers. Alors les feuillus partent à l’export ou sont réduits en déchets pour les chaufferies. Avec le plan France – Relance, Macron a offert 200 millions aux propriétaires forestiers pour couper leurs forêts et replanter des champs de pins Douglas. Et les coupes rases, désastreuses pour l’environnement se multiplient suivies de plantations qui nécessitent engrais et pesticides avec, néanmoins, un taux d’échec de 50% !

Des pins Douglas qui pourraient produire de magnifiques fûts en cent voir deux cents ans mais qui sont coupés de plus en plus jeunes, entre trente et quarante ans pour alimenter les scieries de bois parfaitement standards.

Les autorités et les gros industriels se défendent avec deux arguments  : il faudrait abattre vite les arbres qui vont mourir du changement climatique et la surface globale de forêts resterait ­stable. Deux mensonges  ! La surface reste ­stable du fait de la déprise agricole en zone montagne mais la qualité des forêts se détériore et le volume de bois sur pieds recule. Quant au changement climatique (dont ils sont responsables) si les tests d’adaptabilité de nouvelles essences menés par l’ONF et les forestiers sont utiles, la forêt se débrouillerait aussi bien sans intervention humaine… Une lutte unitaire pour les forêts du Limousin

Face au désastre associations, collectifs et syndicats, CGT et FSU, se mobilisent depuis plusieurs années, gagnant une écoute de plus en plus large ­parmi les propriétaires privés qui font plus de 90% des proprios en Creuse. Un « réseau forêt limousine » rassemble plus de trente structures militantes. Deux projets industriels au nord et au sud du département inquiètent particulièrement pour les volumes de prédation annoncée  : À Guéret, 500 personnes se sont réunies pour une réunion publique contre l’implantation d’une usine à pellets de bois pour chaudière, Biosyl cet hiver. Au sud du département, à la frontière avec la Corrèze, 200 personnes se sont rassemblées ­contre l’extension d’une scierie, Farges-Piveteau, destinée à être la plus grosse de France.

Deux projets gavés de subventions publiques dont les besoins en bois impliquent des coupes sans précédent, la raréfaction de la ressource au détriment des particuliers et des petites scieries qui se maintiennent difficilement malgré le service rendu localement.

Le 5 octobre, la Creuse accueillera collectifs et associations pour un « Appel pour des forêts vivantes » ; une manifestation nationale aura lieu à Guéret contre ces deux projets et pour la défense des forêts, du Limousin comme d’ailleurs !

Jean-Yves (UCL Limousin)

Pour avoir plus d’informations, rendez-vous sur le site du Syndicat de la montagne limousine ou la page Facebook du collectif Plus jamais ça 23

[1] Bâtiment dont la production annuelle d’énergie renouvelable est approximativement équivalente à sa consommation et dont la consommation nette est, donc, nulle.___

30
 
 
31
32
 
 

Il est temps de zapper l’interminable feuilleton « Qui siégera à Matignon ». C’est dans la rue que notre avenir se décidera, avec un premier rendez-vous de mobilisation le 1er octobre 2024.

Macron, en cherchant à contourner le résultat d’un scrutin bâclé qu’il a lui même provoqué, franchit un pas supplémentaire vers l’autoritarisme. Une tendance toujours plus inquiétante dans un régime présidentiel parmi les plus « monarchiques » d’Europe, et où l’extrême droite est aux portes du pouvoir.

Pour maintenir la politique néolibérale et procapitaliste qui est la sienne, Macron prend tout son temps. Pendant que l’ensemble des partis politiques défilent à l’Élysée pour réclamer Matignon, les ministres d’un gouvernement démissionnaire poursuivent la casse des services publics et l’austérité au titre de la « gestion des affaires courantes ». Spectacle ubuesque d’un système politique et économique à bout de souffle, ce mépris de la volonté populaire sera-t-il celui de trop ? Cela dépendra grandement de la capacité du mouvement social à faire entendre sa voix.

Les élections sont passées, place à la lutte sociale

Constatant le déni présidentiel, certains partis du Nouveau Front populaire appellent à manifester le 7 septembre pour obtenir ce que Macron nomme une Première ministre issue du NFP. Mais quel sens cela a-t-il de manifester pour réclamer un gouvernement social-démocrate dépourvu de majorité parlementaire ? Si l’UCL a appelé à voter NFP en juillet pour faire barrage au RN, c’était bien « sans illusions ni scrupules ».

On n’en attendait rien de plus, comme on n’attendra rien du gouvernement technique que Macron va finir par désigner.

Le répit obtenu face à l’extrême droite, cette situation d’immobilisme institutionnel, il faut aujourd’hui les mettre à profit pour faire entendre nos revendications sociales, renforcer les outils de l’autonomie populaire, comités de quartier et syndicats de lutte en tête. Les révolutionnaires doivent faire leur possible pour que le mouvement social avance et grandisse en imposant une ligne antifasciste et antiraciste claire, quel que soit le Premier ministre qui atterrira à Matignon. C’est là le vrai rempart contre l’extrême droite, contre son arrivée au pouvoir, et contre sa politique si elle finit par s’en emparer.

Alors toutes et tous en grève et dans la rue le 1er octobre 2024, à l’appel de l’intersyndicale CGT-FSU-Solidaires, pour augmenter les salaires, abroger la réforme des retraites, redéployer les services publics sur tout le territoire. Ce sera une première étape déterminante pour mesurer la combativité de notre camp social dans l’année qui s’annonce. Nous travaillerons partout où c’est possible au succès de cette journée d’action.)

33
34
35
36
3
submitted 2 months ago* (last edited 2 months ago) by [email protected] to c/[email protected]
 
 

Et si les mots anciens tels que « génocide » (et pourquoi pas « colonisation ») étaient des faux amis ? Et si les nouvelles technologies qui assujettissent nos affects quand on croit les exprimer nous trahissaient, elles aussi ? Et si nous-mêmes nous trahissions les témoins ainsi ? Et comment articuler plus que des bribes de vérité quand les événements nous coupent le souffle ? Ce texte n’est pas une réponse. Aucune réponse aux événements en cours n’est un texte.

37
38
 
 
39
40
41
42
43
 
 

La lutte contre l’extrême droite n’est pas seulement une affaire électorale, elle se joue également au niveau syndical. Les prises de position de plusieurs centrales syndicales contre le Rassemblement national, appelant à faire barrage dans les urnes, nous rappellent qu’historiquement les syndicats se sont toujours opposés à l’extrême droite. Des années 1930 à l’époque de Vichy, des syndicalistes se sont levé·es pour dire en quoi le projet politique de l’extrême droite s’oppose au syndicalisme.

L’extrême droite est puissante, c’est un fait. Son importance en France s’ajoute à sa poussée en Europe comme l’ont démontré ces élections européennes. Déjà aux manettes de plusieurs États européens, bien souvent dans le cadre de coalitions, ses idées ont infusé à un tel point que désormais les leaders de la droite nouent des alliances et qu’ils n’ont pas besoin d’être au pouvoir pour que des éléments de leur programme soient appliqués par d’autres, à l’image de la loi immigration proposée par le gouvernement français et adoptée avec les voix du RN. Aujourd’hui les affronter devient donc difficile. Mais un acteur n’entend pas transiger avec eux, en dépit même parfois de ses militant·es : les syndicats. Encore ces jours-ci, ceux-ci prenaient position à cinq (CFDT, CGT, FSU, Solidaires et UNSA) pour engager toutes leurs forces militantes à s’opposer à l’arrivée au pouvoir du parti de Marine Le Pen, qui atteste de leur opposition de principe et fondamentale à l’égard de l’extrême droite [1]. Ces syndicats n’avaient pas attendu d’avoir la confirmation par les urnes des intentions prêtées aux électeurs et aux électrices par les sondeurs, et l’annonce stupéfiante du président de la République, pour affronter le danger. Ainsi, le 16 avril, la CGT et la CFDT se sont réunies avec d’autres syndicats européens à la Bourse du travail de Paris pour débattre de l’influence de l’extrême droite sur le lieu de travail et sur les moyens de la combattre [2], démontrant ainsi leur attachement à un engagement pris depuis longtemps, qui remonte aux premières percées du Front national aux élections municipales au début des années 1980.

Les formes de l’opposition à l’extrême droite s’expriment différemment suivant les organisations, en lien avec leur propre histoire et les principes défendus. Mais cette opposition est bien réelle, quasi identitaire pour les syndicats qui portent en eux-mêmes une vision des rapports sociaux contraire au projet sociétal de l’extrême droite. Ce n’est pas un hasard s’ils sont régulièrement attaqués par les différentes figures de ce camp, de Louis Aliot pour qui les syndicats « ne servent à rien » à Marine Le Pen qui ne se prive d’aucune occasion pour contester leur légitimité ou le bien-fondé de leur action [3]. Au-delà des mots, ce sont également les locaux syndicaux qui sont aussi souvent ciblés par l’extrême droite de rue, et notamment ceux de Solidaires et de la CGT.

1934 : face au danger fasciste, les deux CGT se réunissent

Pour comprendre l’opposition syndicale à l’extrême droite, il faut revenir à ce qu’il s’est passé en 1940 ou en 1958, plus encore que ce qui a été fait lors du Front populaire. À l’époque, à la suite du coup de force orchestré par les ligues d’extrême droite le 6 février 1934, les deux principales forces syndicales d’alors, la CGT et la CGTU, séparées depuis 1921, décident de se réunifier dans une seule organisation : il fallait « faire fron » [4]. Manifester ensemble comme elles l’ont fait au lendemain de l’événement, le 12 février, ne suffisait pas : il fallait acter l’unité des forces contre l’ennemi. Cela amène au congrès commun de Toulouse en mars 1936, préparé pendant de longs mois (le processus de réunification avait été lancé dès l’automne 1934 par des premières rencontres officielles entre dirigeants alors que déjà, à la base, des syndicats s’unissaient sans attendre les consignes confédérales) [5]. Les syndicats avaient anticipé le mouvement plus global de la gauche dans son ensemble, qui se montra prête à s’unir quand le danger d’une extrême droite au pouvoir prit forme.

En 1940, leur posture face à Vichy montre davantage ce qui les oppose fondamentalement à ce courant politique d’inspiration fasciste : cela commence avec la signature d’un texte commun, « le syndicalisme français, ce qu’il demeure, ce qu’il doit devenir » (connu ultérieurement sous le nom de « Manifeste des Douze ») [6].

Après la publication par Vichy le 9 novembre d’un décret annonçant la dissolution immédiate des centrales syndicales, ne permettant qu’aux structures locales d’exister, douze leaders syndicaux, trois de la CFTC et neuf de la CGT, apposent leur nom au bas d’un texte qui, sans être révolutionnaire, attaque la conception de l’État français du maréchal Pétain et son organisation sociale.

Le syndicalisme contre le corporatisme

Deux principes sont ardemment défendus dans le Manifeste : la pluralité syndicale et l’indépendance à l’égard de l’État. Face à la volonté de concevoir un syndicat unique qui lui enlèverait toute autonomie en le plaçant dans la même structure que le patronat, suivant le modèle corporatiste (ce qui sera mis en œuvre sous la forme de comités sociaux d’établissement), le texte fait valoir le principe premier de la liberté syndicale (choix d’adhérer ou non à un syndicat) et le libre choix de son organisation. S’il reconnaît à l’État son rôle dans le bon fonctionnement économique et sa nécessité de jouer un rôle d’arbitre, le syndicalisme ne saurait toutefois s’y soumettre, ce qui est résumé par la formule suivante :« le syndicalisme ne peut pas prétendre absorber l’État. Il ne doit pas non plus être absorbé par lui ». Face au projet pétainiste, en partie élaboré par un ancien syndicaliste, René Belin, qui se voulait héritier de la doctrine sociale chrétienne et faisait disparaître la lutte de classe, soit des objectifs partagés dans ce manifeste, la signature de ces syndicalistes, en particulier chrétiens, est symptomatique. D’autres responsables ont d’ailleurs accepté de participer à la Charte du travail du régime de Vichy. Mais il est des principes qui demeurent intangibles et qui expliquent l’adhésion de ces dirigeants au manifeste et leur entrée dans la Résistance, au nom de cette défense de la liberté, un principe qu’ils reprendront ensuite à la Libération en refusant la centrale unique envisagée par la CGT dans la prolongation du « Comité d’entente interconfédéral » à l’œuvre depuis mai 1944. La CGT avait initialement proposé l’établissement d’une plateforme d’unité d’action pour parvenir à l’unité organique (septembre 1944) puis avait soumis l’idée d’une fusion (mars 1945).

Pas de discrimination raciale pour les syndicats

Le « Manifeste des Douze » montre aussi une opposition claire et nette face à toute forme de xénophobie et d’antisémitisme alors que le régime vient de promulguer son décret sur les Juifs, les excluant de certaines professions et en faisant d’eux une catégorie à part des citoyens français. Face à ces lois, le texte récuse toute discrimination : « le syndicalisme français ne peut admettre entre les personnes de distinctions fondées sur la Race, la Religion, la Naissance, les Opinions, ou l’Argent. Chaque personne humaine est également respectable », condamnant explicitement l’antisémitisme. À chaque fois, la CFTC a refusé de s’engager dans quoi que ce soit qui aille au-delà de l’unité d’action, arguant du pluralisme syndical comme « l’une des expressions les plus hautes de l’exercice de la liberté et de la démocratie »  [7].

Contre le coup d’état de De Gaulle

1958 est un autre moment-clé qui témoigne de l’engagement des syndicats dans la défense des principes démocratiques et le respect de l’État de droit. La CGT et celle qui est encore la CFTC participent à la manifestation du 28 mai 28 mai qui visait à défendre la légalité républicaine et « les libertés démocratiques » contre la prise de pouvoir de De Gaulle à la suite à l’insurrection orchestrée par les Français d’Algérie et l’armée le 13 qui avait amené la constitution d’un Comité de salut public à l’origine de l’appel à De Gaulle. Dans les jours qui suivirent, alors que De Gaulle, sans condamner le coup de force, affichait sa disponibilité à prendre « la tête d’un gouvernement de la République », et que l’armée orchestrait la montée en pression sur le territoire (un comité de salut public institué en Corse, la possibilité d’un coup d’État communiste annoncée régulièrement), Pflimlin acceptait de démissionner sous pression du président René Coty. De Gaulle pouvait être alors nommé Président du conseil aux conditions qu’il avait lui-même fixées, à savoir les pleins pouvoirs pendant six mois pour modifier la constitution. Le cortège du 28 mai ne réunit toutefois que 200 000 manifestant·es, démontrant que si les états-majors syndicaux avaient tenu bon sur leurs principes, les bases militantes, elles, n’avaient guère envie de défendre le régime de la IVe République.

Aujourd’hui, ces idéaux continuent à alimenter le combat contre l’extrême droite. Certes, le programme du RN n’en vient pas à proposer la dissolution des organisations syndicales. Mais, dans « la grande réforme des syndicats » telle qu’elle a été présentée lors des dernières campagnes présidentielles, il s’agit bien de limiter la déjà maigre étendue de leur pouvoir et de se placer implacablement aux côtés du patronat. C’est le sens porté par exemple de l’interdiction des piquets de grève ou du vote préalable de l’ensemble des salarié·es à tout arrêt de travail (annoncés un temps comme la réforme des élections professionnelles ou de la représentativité pour affaiblir les syndicats existants).

Le « projet syndical » du RN a un arrière-gout d’années 40

Au fond, c’est le même projet, en 1940 comme aujourd’hui, avec ces inflexions propres au caractère de l’histoire qui « ne se répète pas » : en tant qu’auto-organisation des travailleurs et travailleuses qui refusent de se ranger benoîtement derrière le chef désigné, les syndicats doivent être reconnus dans leur légitimité à porter de façon complètement autonome la parole salariée avec les moyens qu’ils choisissent de se donner, dans le cadre d’un État de droit. Leur nier cette capacité, c’est nier le principe même de leur existence.

Aujourd’hui, c’est au nom de cette incompatibilité que la plupart des organisations syndicales excluent les membres qui figurent sur une liste RN ; c’est au nom de ces principes qu’elles peuvent aller jusqu’à la consigne de vote selon des modalités diverses. Cela ne signifie pas que le syndicalisme est immunisé contre l’extrême droite – les enquêtes d’opinion montrer que les adhérent·es à leurs idées progressent au sein des syndicats –, mais ces luttes, au sommet comme à la base, démontrent à quel point les syndicats ne transigent pas, dans les actes comme dans les idées. Tous n’en peuvent pas dire autant.

Claude Roccati, historienne

[1] Voir la déclaration de l’intersyndicale qui s’est réunie le 10 juin au siège de la CGT : « Après le choc des européennes les exigences sociales doivent être entendues » d’Elena Gianini Belotti. [2] Les interventions de cette journées sont disponibles sur sur le site de la CGT, dans l’article « Débat des syndicats européens : ensemble contre l’extrême droite ! » [3] Louis Aliot : « Les syndicats sont les croque-morts du monde économique et du travail […] ils ne servent à rien », BFM TV, 25 août 2022. [4] Voir « Février 1934 : De la tentative réactionnaire de coup d’État au sursaut antifasciste », Alternative libertaire, février 2024. [5] René Mouriaux, La CGT, Seuil, 1982, p. 69-72. Voir aussi Georges Pruvost et Pierre Roger, Unissez-vous ! L’histoire inachevée de l’unité syndicale, Éditions de l’atelier, 1995, p. 95-117. [6] « Manifeste des Douze » [7] Motion adoptée au congrès de septembre 1945, voir Gérard Adam,La CFTC 1940-1958. Histoire politique et idéologique, Armand Colin, 1964, p. 103.

44
 
 

« Je suis désolé ». Étonnant, non ? C’est pourtant ce que le premier ministre israélien vient de déclarer au Time Magazine le 8 août : « je suis désolé, franchement ».

Mais de quoi, au juste ?

45
 
 

En Italie, le 25 avril commémore la « Festa della Liberazione » en mémoire de ce jour de 1945, où Milan, capitale de la Résistance, fut reprise par les partisans et libérée du joug nazi-fasciste. Retour sur le contexte qui a vu naître les groupes résistants qui ont combattu Mussolini.

Le contexte d’après-guerre et de crise en Italie crée des conditions propices à la naissance du fascisme. Mussolini instaure un régime dictatorial dès 1925. En 1940, l’Italie est l’alliée de l’Allemagne dans la seconde guerre mondiale. Elle mène une « guerre parallèle » ponctuée d’échecs.

Au printemps 1943, une guerre civile sanglante débute. D’un côté, les milices du régime fasciste, aidées des SS et de la Gestapo, de l’autre les groupes de partisans communistes et antifascistes.

Après la défaite des armées italo-allemandes en Tunisie et le débarquement des Alliés en Sicile, le roi, l’ancienne classe dirigeante et les dirigeants fascistes modérés entraînent la destitution et l’arrestation de Mussolini le 25 juillet. Il nomme Badoglio au poste de président du Conseil des ministres. L’armistice est conclue le 3 septembre entre le gouvernement du royaume d’Italie et les forces alliées. Le 13 octobre, le royaume d’Italie déclare la guerre à l’Allemagne.

Parallèlement, libéré par les allemands, Mussolini fonde un nouvel État fasciste fantoche au Nord de la péninsule en septembre : la République sociale italienne (RSI). L’Italie est coupée en deux, envahie et contrôlée par les allemands au Nord et au centre, et prise par les alliés au Sud.

De la résistance partisane à la libération

Naples se soulève la première, fin septembre 1943. C’est la seule grande ville à se libérer grâce à un soulèvement populaire, sans l’aide des Alliés.

Un mouvement partisan naît et se développe dans tout le pays, formant des groupes partisans de tailles et de tendances politiques diverses. Le Comité de libération nationale (CLN) est créé le 9 septembre 1943 par une coalition de plusieurs partis politiques. Se créent jusqu’à fin 1944 dans les territoires libérés du Nord de nombreuses Républiques partisanes éphémères, reprises par les allemands et réintégrées à la RSI.

Le 19 avril 1945, le CLN appelle à l’insurrection pour amener les forces nazies et fascistes à « se rendre ou périr ». Les partisanes et partisans d’Italie ainsi que les troupes alliées libèrent Bologne le 21 avril, Parme et Reggio Emilia le 24, Milan, Turin et Gênes le 25. Ce 25 avril, alors qu’il tente de fuir, Mussolini est arrêté et exécuté avec sa maîtresse Clara Petacci.

Depuis le gouvernement Berlusconi en 1994, des députés de droite proposent régulièrement la suppression de la fête du 25 avril. Berlusconi a lui-même refusé en 2004 de participer aux cérémonies officielles commémorant la libération du pays.

La résistance contre le fascisme est toujours d’actualité. Plus qu’une simple célébration institutionnelle, ce jour du 25 avril doit nous rappeler l’importance de la lutte contre les violences de l’État, du patriarcat et du capitalisme. Nous relaierons donc prochainement dans ces pages l’appel de nos camarades italiens d’Alternativa libertaria.

Anne (UCL Fougères)

46
 
 

Début octobre 2023, après un match de foot de l’équipe féminine du club Chambéry sport 73 durant lequel certaines joueuses portaient le hijab, l’extrême droite s’est déchaînée sur les réseaux sociaux, appelant à la suppression des subventions du club.

Tout part d’une situation banale : dans un club amateur qui ne comportait pas d’équipe féminine, une « bande de copines », comme les décrit le président du club, prennent l’initiative de monter une équipe de football. Elle souhaite naturellement jouer contre d’autres équipes. Certaines portent le hijab, mais ne s’en inquiètent pas, ayant vu que la FIFA en autorisait le port lors des matchs. Tout se passe bien, l’équipe perd d’un honorable 19-0. Tout aurait du en rester là.

Mais quelques jours plus tard, Rémi Garnier, petit fasciste professionnel élu au conseil régional sous l’étiquette Rassemblement national, publie un communiqué s’indignant de la possibilité que des femmes s’habillent librement. Qualifiant ce match de « symbole de l’entrisme islamiste dans le sport », et prétendant défendre la « dignité des femmes », ce petit nazillon de bac à sable étale les obsessions islamophobes du RN et les passions tristes de l’extrême droite dans son communiqué, provoquant une vague de cyberharcèlement du club et des joueuses.

L’attaque s’appuie sur le règlement de la Fédération française de football (FFF), qui interdit le port de « tout signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale », une règle dont l’application cible en réalité en large majorité les femmes musulmanes. Et une particularité française, qu’il faut relier à la flambée des idées islamophobes ces dernières décennies, et à l’histoire coloniale du pays. Embarquée dans une fièvre islamophobe, la FFF s’illustre ces dernières années sur le sujet : elle a récemment décider d’interdire le port de collants et de casques, sous le prétexte de craindre un « détournement » par des pratiquantes de l’islam [1]. La fédération préconise aussi d’interdire les pause visant à boire et à manger lorsque la rupture du jeune du ramadan survient pendant un match [2].

À Paris, le collectifs Les Hidjabeuses s’est créé en 2020 pour revendiquer le droit des sportives de s’habiller comme elles le souhaite. Elles ont notamment saisi le Conseil d’État au sujet du règlement de la FFF concernant sont règlement sur les signes ostentatoires. Mais celui ci à rejeté leur requête, en allant ainsi à l’encontre des préconisations de son propre rapporteur public, qui préconisé l’abrogation de cette règle [3].

Retour à Chambéry, où les fulminations islamophobes de la FFF pourraient avoir des conséquences funestes. Dans son communiqué, le RN appel en effet à la suppression des subventions du club par le conseil régional, présidé par le très droitier Laurent Wauquiez, prompt à supprimer des financements à tout va. Une menace qui place le club dans une situation périlleuse, ses 220 licencié·es comptant sur cet argent pour permettre au club de fonctionner. Il s’agirait d’une véritable punition collective sous un prétexte profondément raciste. Depuis cette affaire, l’équipe féminine s’est quant à elle retiré des compétitions, préférant continuer de s’entraîner en s’habillant comme elles le souhaitent, quitte à sacrifier leur participation au championnat. Un exemple de plus de l’effet concret des politiques islamophobes qui prétendent défendre les droits de femme : les exclure des espace publics.

Edmond Rösti

[1] « Football : pourquoi la FFF interdit le port des collants et des casques au nom de la laïcité », Le Parisien, 30 avril 2024 [2] « FFF : pourquoi le ramadan est-il tabou dans le football français ? », Radio France, 22 mars 2024 [3] « Interdiction du voile dans les compétitions de football : le Conseil d’Etat juge la réglementation de la FFF « adaptée et proportionnée » », Le Monde, 29 juin 2023

47
 
 

Le chlordécone est un pesticide qui a été utilisé massivement dans les bananeraies martiniquaises et guadeloupéennes jusqu’en 1993. Son utilisation plus longue dans les Antilles qu’en métropole a eu des conséquences sanitaires et environnementales dramatiques pour les populations des îles. La gestion coloniale de ces territoires par l’État français et le modèle agricole hérité de l’époque esclavagiste puis coloniale illustrent les liens irrémédiables entre luttes écologistes et luttes décoloniales.

Le chlordécone est un pesticide toxique, perturbateur endocrinien et neurotoxique utilisé pour lutter contre le charançon du bananier dans les bananeraies antillaises de 1972 à 1993. Alors qu’en France hexagonale l’utilisation du chlordécone a été interdite en 1990, sur les terres antillaises il a pu être employé encore trois années supplémentaires. L’OMS avait pourtant statué en 1979 sur son possible caractère cancérigène et aux États-Unis des accidents graves ont mené à son interdiction dès 1977. Désormais, les terres et les eaux antillaises sont polluées pour encore plusieurs siècles. On estime que plus de 90% des habitants et habitantes sont contaminé⸱es. Cette contamination accroît les risques de retard de développement cognitif pour les nourrissons et fait exploser le nombre de cancers, notamment celui de la prostate : la Martinique en détient le triste record du monde !

L’ère coloniale, un tournant géologique

La culture de bananes en Martinique et Guadeloupe est un exemple d’héritage colonial de la production locale puisqu’elle est destinée à l’exportation vers la métropole, tout comme celle de la canne à sucre. À la période du commerce triangulaire et de la traite des personnes noires mises en esclavage, ces cultures se sont développées pour faire la fortune de la France. Ces plantations marquent le début de l’ère géologique que Malcolm Ferdinand [1] nomme le « Plantationocène ». Il l’oppose à « l’Anthropocène », défini comme l’ère où les activités humaines ont commencé à être les premières forces de la transformation des écosystèmes, mais qui n’inclut pas les périodes esclavagistes puis coloniales comme facteurs majeurs du bouleversement du rapport à la terre et comme début de la diffusion du capitalisme.

Dans son ouvrage Une écologie décoloniale, Malcolm Ferdinand explique que ces plantations ont instauré un « habiter colonial ». Il s’agit, pour le chercheur, d’un rapport qui instaure l’exploitation de la terre à travers la déforestation, l’extraction et la plantation, ainsi que la création de la figure d’un « Autre », jugé inférieur. Cette vision du monde a conduit aux massacres et mises en esclavage des autochtones, ainsi qu’à la soumission des femmes, par les colons européens. Enfin, cet « habiter colonial » instaure la propriété privée et la terre comme marchandise exploitable, rendant les territoires colonisés dépendants à une métropole coloniale pour l’importation et l’exportation.

Plus de 90 % de la population locale

Ce schéma de dépendance s’observe encore aujourd’hui dans les Antilles sur les territoires toujours colonisés et dans les anciennes colonies encore sous influence impérialiste de la France et son commerce. Au quotidien, cela se traduit par des frais d’importation élevés pour les biens de première nécessité. Cela se fait au détriment de la mise en place d’une souveraineté alimentaire et maintient dans la misère la population avec un marché du travail tourné sur l’exportation de matières premières. C’est le marché français qui est privilégié prioritairement pour les échanges et non les partenaires économiques plus proches géographiquement.

En février 2024, une proposition de loi qui reconnaît la responsabilité de l’État français dans l’utilisation du chlordécone ainsi que ses dégâts sanitaires en Guadeloupe et en Martinique a été adoptée par les député⸱es. Mais ce texte est jugé insuffisant par les antillaises et antillais, notamment parce qu’il n’engage que l’État et non les principaux pollueurs, c’est-à-dire les entreprises, tandis que les indemnisations se font toujours attendre. Le procès en appel contre l’ordonnance de non-lieu rendu par la justice française début 2023 aurait dû se tenir le 10 juin. Il sera finalement reporté le 22 octobre 2024, sur un dossier ouvert depuis 2008.

Les personnes vivant dans les territoires dits « d’outre-mer » continuent d’être traitées comme des sous-citoyens et sous-citoyennes : leurs droits sont réduits, les répressions de l’État français sont violentes, des situations d’exception sont banalisées (on peut citer la pénurie d’eau durable que connaît la Guadeloupe), et la contamination de milliers de personnes se fait dans l’indifférence du reste de la société française.

Les capitalistes doivent payer

À cause de cette contamination, les cultures vivrières et la pêche ont été restreintes alors qu’elles sont essentielles à la population, tandis que la culture de la banane, plus résistante n’a pas été affectée et permet même d’en tirer un bénéfice économique. À côté de cela, le coût de la vie déjà bien plus élevé qu’en France ne va pas en s’arrangeant.

Les békés, directs descendants de propriétaires d’esclaves et aujourd’hui propriétaires des bananeraies continuent d’avoir un pouvoir immense sur les îles. Environ 1 actif sur 20 travaille dans la « filière Banane ». Ce sont eux qui sont à l’origine de la dérogation du ministère de l’agriculture en 1990 qui a prolongé l’utilisation du chlordécone : ils sont donc directement à l’origine de l’empoisonnement des terres, des animaux et de la population.

Le commerce triangulaire et la traite des esclaves ont contribué à la diffusion du capitalisme au niveau mondial dans les pays colonisés. En rendant possible l’accumulation primitive du capital [2] , c’est-à-dire des ressources, c’est la colonisation qui a permis la révolution industrielle dans les métropoles coloniales telles que la France ou le Royaume-Uni. Les modes de production sous le capitalisme créent un rapport extractiviste à la terre qui ne peut mener qu’à la destruction des écosystèmes et au désastre écologique que nous connaissons aujourd’hui.

Le capitalisme repose sur une inégalité dans les échanges économiques au niveau international et fonctionne main dans la main avec l’impérialisme. En économie, c’est ce que l’on appelle la nouvelle division internationale du travail : les pays et territoires, par le libéralisme, se spécialisent dans un type de production, ce qui rend la valeur des échanges inégale puisque les pays les plus riches se concentreront sur des productions à haute valeur ajoutée, tandis que les pays sous influence occidentale sont contraints de leur fournir les matières premières. Les figures révolutionnaires africaines, de Lumumba à Sankara ou encore Cabral, l’avaient bien compris, liant lutte contre le nécolonialisme et lutte pour l’indépendance. Frantz Fanon, quant à lui, a étudié le rôle d’intermédiaires des intérêts des capitalistes occidentaux que jouent les bourgeoisies locales des pays colonisés.

Penser une écologie décoloniale

Ce rapport colonial à la santé et à la terre est le même qui a organisé les essais nucléaires en Polynésie Française et qui a stérilisé les femmes, à La Réunion entre 1960 et 1970, ou encore dans sa version états-unienne, à Porto Rico. Bien sûr, il nécrose aussi les pays au centre du capitalisme, mais bien moins durement et encore une fois inégalement. En France hexagonale, le terme de « justice environnementale » se diffuse. Il dénonce le manque de considération par nos politiques des effets du dérèglement climatique par les populations vivant dans les quartiers populaires ou encore les personnes assimilées à la catégorie de « Gens du Voyage » qui en sont les premières victimes [3].

L’écologie décoloniale nous amène à repenser la place de ­notre État dans la division internationale du travail : si l’usine polluante n’est plus sur notre sol c’est qu’un autre pays en paye le prix pour des salaires de misère et des normes environnementales et un droit du travail au rabais ; si notre énergie nucléaire existe sur le sol métropolitain, elle implique une ingérence de notre État et de notre armée au Niger pour l’approvisionnement en uranium. Un certain nombre de guerres se déroulent pour l’accès aux matières premières comme c’est le cas au Congo. Une écologie au niveau international ne se fera pas sans une rupture de la Françafrique et la fin du pillage des ressources et de l’appropriation des corps des hommes et des femmes sous le modèle capitaliste.

Il y a une nécessité de décentrer et de politiser la lutte écologiste pour joindre nos forces aux collectifs et aux peuples luttant déjà contre notre impérialisme, pour une lutte écologiste internationale, anticapitaliste et décoloniale. Les ponts entre ces luttes existent déjà, il ne reste plus qu’à les soutenir et les emprunter : le capitalisme doit se combattre, car main dans la main avec le colonialisme il détruit les terres et exploite nos corps. Le prochain procès dans le cadre du non-lieu rendu par la justice française sur le scandale du chlordécone aura lieu le 22 octobre prochain, à Paris.

Louna (UCL Lyon)

[1] Malcolm Ferdinand est chercheur en sciences politiques et ingénieur en environnement. Il a notamment publié l’ouvrage Une écologie décoloniale, en 2019 aux éditions du Seuil. [2] On entend par là l’accumulation du capital (ressources, terres, outils et autres moyens de production) avant le développement du capitalisme. [3] Voir par exemple le travail de William Acker sur le racisme environnemental des personnes vivant sur les aires d’accueil (Où sont les « gens du voyage » ? Inventaire critique des aires d’accueil, publié en 2021 aux éditions du Commun), ainsi que le travail du collectif Banlieue climat.

48
 
 

L’extrême droite prétend, aux portes du pouvoir, avoir rompu avec certaines de ses positions traditionnelles : infériorité des femmes et contrôle de leur corps, division naturelle des tâches, complémentarité des sexes, etc. Les discours pour la présidentielle de 2022 afin de récupérer les suffrages des femmes ont dans une certaine mesure fonctionné mais ils se heurtent pourtant à une réalité toute autre. Droit à l’IVG, PMA, transphobie, famille : le RN s’attaque à nos droits, notre autonomie et notre liberté à disposer de notre corps [15]

Si Marine Le Pen ne semble plus remettre en cause le droit à l’IVG, elle poursuit néanmoins ses attaques en refusant régulièrement de faciliter son accès, ou alors en s’accommodant d’alliés qui y sont radicalement opposés. Ses sorties en 2012 sur le déremboursement de l’avortement ou les soi-disant « avortements de confort », son soutien à Viktor Orbán (Hongrie) ou Mateusz Morawiecki (Pologne) sont autant d’exemples qui montrent ce qu’elle ferait une fois au pouvoir. Marine Le Pen se cache derrière des évolutions stratégiques de façade. En 2022, elle s’est par exemple opposée à la loi prévoyant l’allongement des délais de 12 à 14 semaines. Sur la constitutionnalisation du droit à l’IVG, un député RN sur cinq a voté contre et un sénateur sur trois, sans compter leurs nombreuses abstentions.

La politique nataliste défendue par le RN est incompatible avec un accès facilité à l’IVG et à la contraception [2]. Certains passages du livret famille du RN en 2022 sont très instructifs car la natalité y est vue comme la continuité de la nation, et la perpétuation de notre civilisation. Cette vision a des conséquences concrètes sur les projections politiques du RN, notamment du point de vue de nos futures régressions sociales. Ainsi, sur la question des retraites, Bardella disait : « Les bébés de 2023 sont les cotisants de 2043 », et Sébastien Chenu déclarait en 2023 : « Moi, je préfère qu’on fabrique des travailleurs français plutôt qu’on les importe ». Les thèses fémonationalistes ont ainsi le vent en poupe au RN. Elles propulsent la cause des femmes au service du racisme et du nationalisme blanc, en prétendant que les seuls ennemis des femmes seraient les migrant·es du Sud global, les musulman·es, les hommes des quartiers populaires et issus de l’immigration [3].

La haine des personnes LGBTI

Le RN le sait, il ne peut stratégiquement pas s’opposer pour le moment aux droits conquis de longue date et cimentés dans l’opinion publique. Mais sur les droits plus récents, fragiles ou encore à conquérir, leur position est plus claire. Tel est le cas des droits LGBTI : en 2020, des cadres du parti défilaient contre la PMA étendue aux couples de femmes et aux femmes célibataires, et Marine Le Pen elle-même s’y opposait, prétendument pour des « raisons juridiques » [4].L’an dernier, le RN créait une association pour lutter contre le « wokisme », y compris « la propagande LGBT à l’école » [5] Ces positions s’éclaircissent encore à la lumière de leurs alliances internationales. Au Parlement Européen, le RN fait du pied aux partis d’extrême-droite italiens et hongrois, tous deux au pouvoir [6].Or Fratelli d’Italia a commencé l’an dernier à annuler les liens de parenté des femmes ayant eu recours à la PMA [7], et fait désormais rentrer les anti-IVG dans les Plannings Familiaux [8]. Quant au Fidesz, aux positions nationalo-natalistes, il a interdit en 2021 la « promotion » de l’homosexualité en direction des mineur·es hongrois·es [9], via une propagande reprise par Marine Le Pen elle-même, évoquant du « prosélytisme sexuel ».

Surtout, le RN s’attaque désormais farouchement aux droits des personnes trans, et s’aligne ainsi sur la stratégie de « guerre culturelle » qui a fait de la moitié des USA un enfer pour celles-ci. Dans la foulée du dépôt de la loi des Républicains contre les mineurs trans [10], le RN en a déposé une similaire à l’Assemblée Nationale [11]. En séance, le sénateur RN Stéphane Ravier, manifestement à l’aise sur les éléments de propagande du réseau anti-trans, a prétendu que « les mineurs trans n’existent pas », parlant d’un « délire » qui « abatt[rait] toutes les limites anthropologiques » comme la famille [12].

Le refus du RN de nous laisser disposer librement de notre corps s’accompagne de positions anti-sociales, elles aussi par nature anti-féministes. Les syndicats publient des décryptages sur l’imposture sociale de l’extrême droite [13]. Si le RN cherche à consolider une image factice d’empathie avec les femmes les plus précaires, ses positions restent quant à elles limpides. Salaires, retraite, représentation des salariés, service public, emploi, égalité femmes/hommes (contestation de la réalité des inégalités salariales et souhait d’exclure par exemple les interruptions de carrière des critères de mesure), tout est régression. Toutes ces positions anti-féministes et anti-sociales du RN font de lui le parti le plus perméable aux thèses masculinistes [14].

Anne (UCL Montpellier) et Chloé (UCL Grenoble)

[1] Voir la tribune paru le 23 mai 2024 : « Le RN est l’ennemi des femmes ». [2] Mediapart : « La natalité, une obsession de l’extrême droite ». [3] Revue Contretemps : « Un racisme au nom des femmes » et le livre « Les nouvelles femmes de droite » de Magali Della Sudda. [4] Robin D’Angelo, « Le Rassemblement national défile contre la PMA pour toutes », lejdd.fr, 19 janvier 2020. [5] AFP, « Des élus RN créent une association pour lutter contre le « poison du wokisme » », Ouest-France, 12 avril 2023. [6] Youmni Kezzouf Lamant Ludovic, « Européennes:le RN relance le mercato des alliances à l’extrême droite », Mediapart, 23 mai 2024. [7] Sandra Favier, « En Italie, la guerre du gouvernement de Giorgia Meloni contre les familles homoparentales se concrétise », Le Monde, 25 juillet 2023. [8] Cécile Debarge, « L’Italie de Meloni ouvre les centres de consultation familiale aux anti- avortements », Mediapart, 3 mai 2024. [9] Jordane de Faÿ et al., « Culture : quand l’extrême droite est au pouvoir », Mediapart, 7 juin 2024 [10] « Offensive transphobe au Sénat : Rapports spécieux pour une loi abjecte », Alternative libertaire, mai 2024. [11] Texte n°2504 déposé le 11 avril 2024 [12] Compte-rendu intégral de la séance publique du 28 mai 2024 au Sénat [13] CGT, 9 juin 2024 « 10 points sur lesquels l’extrême droite relève de l’imposture sociale ». Solidaires, 12 juin 2024, « Le rassemblement national : un parti contre le service public et ses agent·es ! ». [14] Le Monde du 12 avril 2024 intitulé « L’inquiétant regain du masculinisme, cette pensée réactionnaire aux origines millénaires ». [15] Voir la tribune paru le 23 mai 2024 : « Le RN est l’ennemi des femmes ».

49
50
5
Football : Carton rouge… et noir ? (www.unioncommunistelibertaire.org)
submitted 2 months ago by [email protected] to c/[email protected]
 
 

La question du sport comme outil d’aliénation ou d’émancipation est entrée dans nombre de foyers lors de la Coupe du monde de football organisée par la FIFA au Qatar fin 2022. Et ce sont plutôt les aspects critiques qui ont prédominé dans les débats, autour de la question du respect des droits humains et des enjeux environnementaux. Un point sur le football pris dans une réflexion plus ample sur ses implications sociales semble donc nécessaire.

Le football n’est pas un objet qui flotte hors de la société qui l’a engendré. Il est une réalité multiforme qui touche à des degrés divers : pratiquant·es, fans, organisateur·ices et financeurs eux-mêmes le façonnent, tel un prisme dont ne regarder qu’une seule facette relèverait de la mauvaise foi. Se limiter à dénoncer l’hégémonie d’un football-spectacle devenu une marchandise ne visant que le profit serait aussi réducteur et partiel que de n’en louer que les débuts dans le monde ouvrier et sa place dans la culture populaire.

Remettre les valeurs sociales au cœur du sport

Le football a pris ces dernières décennies l’apparence d’un produit dont le commerce génère des milliards de chiffre d’affaires, aberrants au regard des urgences sociales, économiques et environnementales. Il est devenu l’archétype du sport-business et d’un monde où le spectacle remplace la participation effective pour cantonner les citoyen·nes au rang de simples consommateur·ices. En ce sens il ne nous ressemble plus et se transforme en un divertissement stérile voire nuisible pour le maintien de valeurs vivantes telles que la solidarité, le partage, l’équité, le plaisir de l’effort ou de sa mise en commun. Cependant, ne se résume-t-il qu’à ça ? Non. Il suffit de se pencher en détail sur ce qui compose cet « écosystème football » mondial pour se rendre compte que des facettes bien plus intéressantes existent et méritent d’être regardées de près.

En premier lieu, évoquons la réalité militante du club professionnel du quartier rouge de Hambourg, le FC Sankt Pauli, fraîchement promu en Bundesliga, la « Ligue 1 » allemande. Celui-ci est souvent présenté comme l’archétype d’une forme de résistance au foot-business. Une résistance qui se joue à l’intérieur même du système contre lequel le club s’est érigé depuis le milieu des années 1980 lorsque le mouvement des occupations d’immeubles vacants battait son plein dans la ville hanséatique. Depuis, les supporter·ices, majoritairement issu·es des mouvements sociaux locaux, ont investi les tribunes mais aussi (et c’est là que réside l’exemplarité) les instances du club, et se sont organisés autour de mots d’ordre et de principes forts et qui dénotent dans le paysage du sport-business : antisexisme, antihomophobie, antifascisme, solidarité internationale, engagement social local, modèle de développement économique soutenable...

Des îlots de résistance face au foot capitaliste

Tout cela se manifeste au jour le jour par les décisions constantes d’une « scène des fans » hautement responsabilisée et pleinement consciente des luttes à mener, l’équipe de football professionnelle du club servant principalement de vitrine à celles-ci. Il est difficile de lister les engagements du club tant les axes et les modes de mise en œuvre sont variés : du soutien à un centre de soins palliatifs pour malades du VIH à la création de puits autonomes dans des régions du monde où l’accès à l’eau est déficient, le FC St. Pauli tente de concilier le fait d’être un îlot de résistance et celui de participer malgré tout à un « système » qui ne valorise guère ce genre de prises de position.

Il est cependant à relever l’absence totale de solidarité du FC St. Pauli envers les Gazaoui·es victimes des exactions de l’armée israélienne qui ont suivi les attaques barbares du Hamas le 7 octobre dernier. Au contraire, c’est une position très pro-israélienne qui a été exprimée par la voix des Ultras Sankt Pauli et d’autres groupes de supporters [1]. Le tout au grand dam des fanclubs internationaux dont un certain nombre ont purement et simplement cessé leurs activités en lien avec le club [2]. La faute entre autres à l’influence du courant antideutsch, mouvance en vogue dans la gauche radicale allemande, se réclamant de l’antifascisme tenant des positions radicalement sionistes... par antinationalisme allemand [3].

S’il est facile de trouver dans d’autres pays des tribunes marquées à gauche s’exprimant sous forme de banderoles ou de drapeaux en faveur d’une lutte ou d’une revendication (Rayo Vallecano en Espagne, Red Star en France, West Ham en Angleterre, Livorno en Italie, Beşiktaş en Turquie...), il est beaucoup plus rare de voir les supporter·ices parvenir à modeler la vie de leur club en fonction de leurs engagements. C’est qu’en Allemagne existe une sorte d’exception au fonctionnement habituel qui voit le propriétaire de club et son conseil d’administration décider de tout : ici, les adhérent·es à l’association FC St. Pauli sont sa base démocratique.

Construire un football libertaire

D’autre part, il existe des exemples de résistance au modèle dominant sur de toutes autres échelles. De nombreux clubs plus petits que le FC St. Pauli se battent également pour redonner au football son caractère populaire et sa dimension d’acteur social local à l’instar du CS Lebowski (Florence), de l’Atletico San Lorenzo (Rome), du Ménilmontant FC 1871 (Paris), ou encore du Clapton FC (Londres). Pour chacun d’eux l’enracinement dans la réalité de terrain et le développement d’une culture sportive inclusive sont des fondements indispensables. Ils posent un contrepoint face à la recherche effrénée et délétère de performance que promeut le football professionnel estampillé UEFA ou FIFA. Et si le FC St. Pauli se montre frileux sur la question palestinienne, c’est tout l’inverse du côté du Ménilmontant FC.

Dans les tribunes de ces réalités sportives à mesure humaine, pas de diktats, pas de censure de la solidarité entre les peuples. Les maillots de ces équipes arborent souvent des symboles reliés à l’histoire du camp politique libertaire (comme le Clapton FC et son mythique maillot aux couleurs de la République espagnole). Et surtout, les solidarités s’y organisent de manière concrète avec des actions de soutien aux réfugié·es ou à tout un ensemble de causes que les communistes libertaires appuient de leur côté au niveau de l’UCL ou d’autres organisations. Elles trouvent d’ailleurs là une application dans un champ pratique qui déborde des organisations strictement politiques.

Alors, si le prisme offre des facettes diversement séduisantes, nous avons le choix de poser notre regard là où l’horizon est le plus intéressant. Nous avons la possibilité de chercher autour de nous ces initiatives, ces clubs qui opposent une résistance de fait au modèle hégémonique et gangrené du football professionnel. Ces clubs locaux ont une forte tendance à se multiplier et il se peut même qu’il y en ait un dans votre entourage ayant besoin de joueur·euses, animateur·ices, formateur·ices... C’est donc aux passionné·es du ballon rond de chausser leurs crampons pour appuyer ces réalités et tacler l’idée reçue que ce sport serait définitivement perdu pour celles et ceux qui aiment l’engagement partagé : en d’autres termes, c’est aux libertaires de jouer !

Accattone (UCL Lille)

Pour aller plus loin :

• Éloge de la passe : le sport comme apprentissage des pratiques libertaires, Collectif, Éditions Libertaires, 2012 • Une histoire populaire du football, Mickaël Correia, Éditions La Découverte, 2018 • Le grand footoir, Collectif, Solar Éditions, 2022 • Atlas du football populaire : Europe - Amérique latine, Yann Dey-Helle, Éditions Terres de Feu, 2024

[1] « Derrière le soutien de certains groupes ultras allemands à Israël », Dialectik Football, 19 novembre 2023. [2] « FC St. Pauli : rupture consommée avec plusieurs fanclubs solidaires des Palestiniens », Dialectik Football, 13 novembre 2023. [3] « Le phénomène antideutsch : une singularité de la gauche radicale allemande », Anne Joly, La Revue des Livres, juillet-août 2012.

view more: ‹ prev next ›