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Il est temps de zapper l’interminable feuilleton « Qui siégera à Matignon ». C’est dans la rue que notre avenir se décidera, avec un premier rendez-vous de mobilisation le 1er octobre 2024.

Macron, en cherchant à contourner le résultat d’un scrutin bâclé qu’il a lui même provoqué, franchit un pas supplémentaire vers l’autoritarisme. Une tendance toujours plus inquiétante dans un régime présidentiel parmi les plus « monarchiques » d’Europe, et où l’extrême droite est aux portes du pouvoir.

Pour maintenir la politique néolibérale et procapitaliste qui est la sienne, Macron prend tout son temps. Pendant que l’ensemble des partis politiques défilent à l’Élysée pour réclamer Matignon, les ministres d’un gouvernement démissionnaire poursuivent la casse des services publics et l’austérité au titre de la « gestion des affaires courantes ». Spectacle ubuesque d’un système politique et économique à bout de souffle, ce mépris de la volonté populaire sera-t-il celui de trop ? Cela dépendra grandement de la capacité du mouvement social à faire entendre sa voix.

Les élections sont passées, place à la lutte sociale

Constatant le déni présidentiel, certains partis du Nouveau Front populaire appellent à manifester le 7 septembre pour obtenir ce que Macron nomme une Première ministre issue du NFP. Mais quel sens cela a-t-il de manifester pour réclamer un gouvernement social-démocrate dépourvu de majorité parlementaire ? Si l’UCL a appelé à voter NFP en juillet pour faire barrage au RN, c’était bien « sans illusions ni scrupules ».

On n’en attendait rien de plus, comme on n’attendra rien du gouvernement technique que Macron va finir par désigner.

Le répit obtenu face à l’extrême droite, cette situation d’immobilisme institutionnel, il faut aujourd’hui les mettre à profit pour faire entendre nos revendications sociales, renforcer les outils de l’autonomie populaire, comités de quartier et syndicats de lutte en tête. Les révolutionnaires doivent faire leur possible pour que le mouvement social avance et grandisse en imposant une ligne antifasciste et antiraciste claire, quel que soit le Premier ministre qui atterrira à Matignon. C’est là le vrai rempart contre l’extrême droite, contre son arrivée au pouvoir, et contre sa politique si elle finit par s’en emparer.

Alors toutes et tous en grève et dans la rue le 1er octobre 2024, à l’appel de l’intersyndicale CGT-FSU-Solidaires, pour augmenter les salaires, abroger la réforme des retraites, redéployer les services publics sur tout le territoire. Ce sera une première étape déterminante pour mesurer la combativité de notre camp social dans l’année qui s’annonce. Nous travaillerons partout où c’est possible au succès de cette journée d’action.)

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Tax the rich: petition (eci.ec.europa.eu)
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Et si les mots anciens tels que « génocide » (et pourquoi pas « colonisation ») étaient des faux amis ? Et si les nouvelles technologies qui assujettissent nos affects quand on croit les exprimer nous trahissaient, elles aussi ? Et si nous-mêmes nous trahissions les témoins ainsi ? Et comment articuler plus que des bribes de vérité quand les événements nous coupent le souffle ? Ce texte n’est pas une réponse. Aucune réponse aux événements en cours n’est un texte.

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La lutte contre l’extrême droite n’est pas seulement une affaire électorale, elle se joue également au niveau syndical. Les prises de position de plusieurs centrales syndicales contre le Rassemblement national, appelant à faire barrage dans les urnes, nous rappellent qu’historiquement les syndicats se sont toujours opposés à l’extrême droite. Des années 1930 à l’époque de Vichy, des syndicalistes se sont levé·es pour dire en quoi le projet politique de l’extrême droite s’oppose au syndicalisme.

L’extrême droite est puissante, c’est un fait. Son importance en France s’ajoute à sa poussée en Europe comme l’ont démontré ces élections européennes. Déjà aux manettes de plusieurs États européens, bien souvent dans le cadre de coalitions, ses idées ont infusé à un tel point que désormais les leaders de la droite nouent des alliances et qu’ils n’ont pas besoin d’être au pouvoir pour que des éléments de leur programme soient appliqués par d’autres, à l’image de la loi immigration proposée par le gouvernement français et adoptée avec les voix du RN. Aujourd’hui les affronter devient donc difficile. Mais un acteur n’entend pas transiger avec eux, en dépit même parfois de ses militant·es : les syndicats. Encore ces jours-ci, ceux-ci prenaient position à cinq (CFDT, CGT, FSU, Solidaires et UNSA) pour engager toutes leurs forces militantes à s’opposer à l’arrivée au pouvoir du parti de Marine Le Pen, qui atteste de leur opposition de principe et fondamentale à l’égard de l’extrême droite [1]. Ces syndicats n’avaient pas attendu d’avoir la confirmation par les urnes des intentions prêtées aux électeurs et aux électrices par les sondeurs, et l’annonce stupéfiante du président de la République, pour affronter le danger. Ainsi, le 16 avril, la CGT et la CFDT se sont réunies avec d’autres syndicats européens à la Bourse du travail de Paris pour débattre de l’influence de l’extrême droite sur le lieu de travail et sur les moyens de la combattre [2], démontrant ainsi leur attachement à un engagement pris depuis longtemps, qui remonte aux premières percées du Front national aux élections municipales au début des années 1980.

Les formes de l’opposition à l’extrême droite s’expriment différemment suivant les organisations, en lien avec leur propre histoire et les principes défendus. Mais cette opposition est bien réelle, quasi identitaire pour les syndicats qui portent en eux-mêmes une vision des rapports sociaux contraire au projet sociétal de l’extrême droite. Ce n’est pas un hasard s’ils sont régulièrement attaqués par les différentes figures de ce camp, de Louis Aliot pour qui les syndicats « ne servent à rien » à Marine Le Pen qui ne se prive d’aucune occasion pour contester leur légitimité ou le bien-fondé de leur action [3]. Au-delà des mots, ce sont également les locaux syndicaux qui sont aussi souvent ciblés par l’extrême droite de rue, et notamment ceux de Solidaires et de la CGT.

1934 : face au danger fasciste, les deux CGT se réunissent

Pour comprendre l’opposition syndicale à l’extrême droite, il faut revenir à ce qu’il s’est passé en 1940 ou en 1958, plus encore que ce qui a été fait lors du Front populaire. À l’époque, à la suite du coup de force orchestré par les ligues d’extrême droite le 6 février 1934, les deux principales forces syndicales d’alors, la CGT et la CGTU, séparées depuis 1921, décident de se réunifier dans une seule organisation : il fallait « faire fron » [4]. Manifester ensemble comme elles l’ont fait au lendemain de l’événement, le 12 février, ne suffisait pas : il fallait acter l’unité des forces contre l’ennemi. Cela amène au congrès commun de Toulouse en mars 1936, préparé pendant de longs mois (le processus de réunification avait été lancé dès l’automne 1934 par des premières rencontres officielles entre dirigeants alors que déjà, à la base, des syndicats s’unissaient sans attendre les consignes confédérales) [5]. Les syndicats avaient anticipé le mouvement plus global de la gauche dans son ensemble, qui se montra prête à s’unir quand le danger d’une extrême droite au pouvoir prit forme.

En 1940, leur posture face à Vichy montre davantage ce qui les oppose fondamentalement à ce courant politique d’inspiration fasciste : cela commence avec la signature d’un texte commun, « le syndicalisme français, ce qu’il demeure, ce qu’il doit devenir » (connu ultérieurement sous le nom de « Manifeste des Douze ») [6].

Après la publication par Vichy le 9 novembre d’un décret annonçant la dissolution immédiate des centrales syndicales, ne permettant qu’aux structures locales d’exister, douze leaders syndicaux, trois de la CFTC et neuf de la CGT, apposent leur nom au bas d’un texte qui, sans être révolutionnaire, attaque la conception de l’État français du maréchal Pétain et son organisation sociale.

Le syndicalisme contre le corporatisme

Deux principes sont ardemment défendus dans le Manifeste : la pluralité syndicale et l’indépendance à l’égard de l’État. Face à la volonté de concevoir un syndicat unique qui lui enlèverait toute autonomie en le plaçant dans la même structure que le patronat, suivant le modèle corporatiste (ce qui sera mis en œuvre sous la forme de comités sociaux d’établissement), le texte fait valoir le principe premier de la liberté syndicale (choix d’adhérer ou non à un syndicat) et le libre choix de son organisation. S’il reconnaît à l’État son rôle dans le bon fonctionnement économique et sa nécessité de jouer un rôle d’arbitre, le syndicalisme ne saurait toutefois s’y soumettre, ce qui est résumé par la formule suivante :« le syndicalisme ne peut pas prétendre absorber l’État. Il ne doit pas non plus être absorbé par lui ». Face au projet pétainiste, en partie élaboré par un ancien syndicaliste, René Belin, qui se voulait héritier de la doctrine sociale chrétienne et faisait disparaître la lutte de classe, soit des objectifs partagés dans ce manifeste, la signature de ces syndicalistes, en particulier chrétiens, est symptomatique. D’autres responsables ont d’ailleurs accepté de participer à la Charte du travail du régime de Vichy. Mais il est des principes qui demeurent intangibles et qui expliquent l’adhésion de ces dirigeants au manifeste et leur entrée dans la Résistance, au nom de cette défense de la liberté, un principe qu’ils reprendront ensuite à la Libération en refusant la centrale unique envisagée par la CGT dans la prolongation du « Comité d’entente interconfédéral » à l’œuvre depuis mai 1944. La CGT avait initialement proposé l’établissement d’une plateforme d’unité d’action pour parvenir à l’unité organique (septembre 1944) puis avait soumis l’idée d’une fusion (mars 1945).

Pas de discrimination raciale pour les syndicats

Le « Manifeste des Douze » montre aussi une opposition claire et nette face à toute forme de xénophobie et d’antisémitisme alors que le régime vient de promulguer son décret sur les Juifs, les excluant de certaines professions et en faisant d’eux une catégorie à part des citoyens français. Face à ces lois, le texte récuse toute discrimination : « le syndicalisme français ne peut admettre entre les personnes de distinctions fondées sur la Race, la Religion, la Naissance, les Opinions, ou l’Argent. Chaque personne humaine est également respectable », condamnant explicitement l’antisémitisme. À chaque fois, la CFTC a refusé de s’engager dans quoi que ce soit qui aille au-delà de l’unité d’action, arguant du pluralisme syndical comme « l’une des expressions les plus hautes de l’exercice de la liberté et de la démocratie »  [7].

Contre le coup d’état de De Gaulle

1958 est un autre moment-clé qui témoigne de l’engagement des syndicats dans la défense des principes démocratiques et le respect de l’État de droit. La CGT et celle qui est encore la CFTC participent à la manifestation du 28 mai 28 mai qui visait à défendre la légalité républicaine et « les libertés démocratiques » contre la prise de pouvoir de De Gaulle à la suite à l’insurrection orchestrée par les Français d’Algérie et l’armée le 13 qui avait amené la constitution d’un Comité de salut public à l’origine de l’appel à De Gaulle. Dans les jours qui suivirent, alors que De Gaulle, sans condamner le coup de force, affichait sa disponibilité à prendre « la tête d’un gouvernement de la République », et que l’armée orchestrait la montée en pression sur le territoire (un comité de salut public institué en Corse, la possibilité d’un coup d’État communiste annoncée régulièrement), Pflimlin acceptait de démissionner sous pression du président René Coty. De Gaulle pouvait être alors nommé Président du conseil aux conditions qu’il avait lui-même fixées, à savoir les pleins pouvoirs pendant six mois pour modifier la constitution. Le cortège du 28 mai ne réunit toutefois que 200 000 manifestant·es, démontrant que si les états-majors syndicaux avaient tenu bon sur leurs principes, les bases militantes, elles, n’avaient guère envie de défendre le régime de la IVe République.

Aujourd’hui, ces idéaux continuent à alimenter le combat contre l’extrême droite. Certes, le programme du RN n’en vient pas à proposer la dissolution des organisations syndicales. Mais, dans « la grande réforme des syndicats » telle qu’elle a été présentée lors des dernières campagnes présidentielles, il s’agit bien de limiter la déjà maigre étendue de leur pouvoir et de se placer implacablement aux côtés du patronat. C’est le sens porté par exemple de l’interdiction des piquets de grève ou du vote préalable de l’ensemble des salarié·es à tout arrêt de travail (annoncés un temps comme la réforme des élections professionnelles ou de la représentativité pour affaiblir les syndicats existants).

Le « projet syndical » du RN a un arrière-gout d’années 40

Au fond, c’est le même projet, en 1940 comme aujourd’hui, avec ces inflexions propres au caractère de l’histoire qui « ne se répète pas » : en tant qu’auto-organisation des travailleurs et travailleuses qui refusent de se ranger benoîtement derrière le chef désigné, les syndicats doivent être reconnus dans leur légitimité à porter de façon complètement autonome la parole salariée avec les moyens qu’ils choisissent de se donner, dans le cadre d’un État de droit. Leur nier cette capacité, c’est nier le principe même de leur existence.

Aujourd’hui, c’est au nom de cette incompatibilité que la plupart des organisations syndicales excluent les membres qui figurent sur une liste RN ; c’est au nom de ces principes qu’elles peuvent aller jusqu’à la consigne de vote selon des modalités diverses. Cela ne signifie pas que le syndicalisme est immunisé contre l’extrême droite – les enquêtes d’opinion montrer que les adhérent·es à leurs idées progressent au sein des syndicats –, mais ces luttes, au sommet comme à la base, démontrent à quel point les syndicats ne transigent pas, dans les actes comme dans les idées. Tous n’en peuvent pas dire autant.

Claude Roccati, historienne

[1] Voir la déclaration de l’intersyndicale qui s’est réunie le 10 juin au siège de la CGT : « Après le choc des européennes les exigences sociales doivent être entendues » d’Elena Gianini Belotti. [2] Les interventions de cette journées sont disponibles sur sur le site de la CGT, dans l’article « Débat des syndicats européens : ensemble contre l’extrême droite ! » [3] Louis Aliot : « Les syndicats sont les croque-morts du monde économique et du travail […] ils ne servent à rien », BFM TV, 25 août 2022. [4] Voir « Février 1934 : De la tentative réactionnaire de coup d’État au sursaut antifasciste », Alternative libertaire, février 2024. [5] René Mouriaux, La CGT, Seuil, 1982, p. 69-72. Voir aussi Georges Pruvost et Pierre Roger, Unissez-vous ! L’histoire inachevée de l’unité syndicale, Éditions de l’atelier, 1995, p. 95-117. [6] « Manifeste des Douze » [7] Motion adoptée au congrès de septembre 1945, voir Gérard Adam,La CFTC 1940-1958. Histoire politique et idéologique, Armand Colin, 1964, p. 103.

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« Je suis désolé ». Étonnant, non ? C’est pourtant ce que le premier ministre israélien vient de déclarer au Time Magazine le 8 août : « je suis désolé, franchement ».

Mais de quoi, au juste ?

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25 avril 1945, l’Italie se libère des fascistes (www.unioncommunistelibertaire.org)
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En Italie, le 25 avril commémore la « Festa della Liberazione » en mémoire de ce jour de 1945, où Milan, capitale de la Résistance, fut reprise par les partisans et libérée du joug nazi-fasciste. Retour sur le contexte qui a vu naître les groupes résistants qui ont combattu Mussolini.

Le contexte d’après-guerre et de crise en Italie crée des conditions propices à la naissance du fascisme. Mussolini instaure un régime dictatorial dès 1925. En 1940, l’Italie est l’alliée de l’Allemagne dans la seconde guerre mondiale. Elle mène une « guerre parallèle » ponctuée d’échecs.

Au printemps 1943, une guerre civile sanglante débute. D’un côté, les milices du régime fasciste, aidées des SS et de la Gestapo, de l’autre les groupes de partisans communistes et antifascistes.

Après la défaite des armées italo-allemandes en Tunisie et le débarquement des Alliés en Sicile, le roi, l’ancienne classe dirigeante et les dirigeants fascistes modérés entraînent la destitution et l’arrestation de Mussolini le 25 juillet. Il nomme Badoglio au poste de président du Conseil des ministres. L’armistice est conclue le 3 septembre entre le gouvernement du royaume d’Italie et les forces alliées. Le 13 octobre, le royaume d’Italie déclare la guerre à l’Allemagne.

Parallèlement, libéré par les allemands, Mussolini fonde un nouvel État fasciste fantoche au Nord de la péninsule en septembre : la République sociale italienne (RSI). L’Italie est coupée en deux, envahie et contrôlée par les allemands au Nord et au centre, et prise par les alliés au Sud.

De la résistance partisane à la libération

Naples se soulève la première, fin septembre 1943. C’est la seule grande ville à se libérer grâce à un soulèvement populaire, sans l’aide des Alliés.

Un mouvement partisan naît et se développe dans tout le pays, formant des groupes partisans de tailles et de tendances politiques diverses. Le Comité de libération nationale (CLN) est créé le 9 septembre 1943 par une coalition de plusieurs partis politiques. Se créent jusqu’à fin 1944 dans les territoires libérés du Nord de nombreuses Républiques partisanes éphémères, reprises par les allemands et réintégrées à la RSI.

Le 19 avril 1945, le CLN appelle à l’insurrection pour amener les forces nazies et fascistes à « se rendre ou périr ». Les partisanes et partisans d’Italie ainsi que les troupes alliées libèrent Bologne le 21 avril, Parme et Reggio Emilia le 24, Milan, Turin et Gênes le 25. Ce 25 avril, alors qu’il tente de fuir, Mussolini est arrêté et exécuté avec sa maîtresse Clara Petacci.

Depuis le gouvernement Berlusconi en 1994, des députés de droite proposent régulièrement la suppression de la fête du 25 avril. Berlusconi a lui-même refusé en 2004 de participer aux cérémonies officielles commémorant la libération du pays.

La résistance contre le fascisme est toujours d’actualité. Plus qu’une simple célébration institutionnelle, ce jour du 25 avril doit nous rappeler l’importance de la lutte contre les violences de l’État, du patriarcat et du capitalisme. Nous relaierons donc prochainement dans ces pages l’appel de nos camarades italiens d’Alternativa libertaria.

Anne (UCL Fougères)

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Début octobre 2023, après un match de foot de l’équipe féminine du club Chambéry sport 73 durant lequel certaines joueuses portaient le hijab, l’extrême droite s’est déchaînée sur les réseaux sociaux, appelant à la suppression des subventions du club.

Tout part d’une situation banale : dans un club amateur qui ne comportait pas d’équipe féminine, une « bande de copines », comme les décrit le président du club, prennent l’initiative de monter une équipe de football. Elle souhaite naturellement jouer contre d’autres équipes. Certaines portent le hijab, mais ne s’en inquiètent pas, ayant vu que la FIFA en autorisait le port lors des matchs. Tout se passe bien, l’équipe perd d’un honorable 19-0. Tout aurait du en rester là.

Mais quelques jours plus tard, Rémi Garnier, petit fasciste professionnel élu au conseil régional sous l’étiquette Rassemblement national, publie un communiqué s’indignant de la possibilité que des femmes s’habillent librement. Qualifiant ce match de « symbole de l’entrisme islamiste dans le sport », et prétendant défendre la « dignité des femmes », ce petit nazillon de bac à sable étale les obsessions islamophobes du RN et les passions tristes de l’extrême droite dans son communiqué, provoquant une vague de cyberharcèlement du club et des joueuses.

L’attaque s’appuie sur le règlement de la Fédération française de football (FFF), qui interdit le port de « tout signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale », une règle dont l’application cible en réalité en large majorité les femmes musulmanes. Et une particularité française, qu’il faut relier à la flambée des idées islamophobes ces dernières décennies, et à l’histoire coloniale du pays. Embarquée dans une fièvre islamophobe, la FFF s’illustre ces dernières années sur le sujet : elle a récemment décider d’interdire le port de collants et de casques, sous le prétexte de craindre un « détournement » par des pratiquantes de l’islam [1]. La fédération préconise aussi d’interdire les pause visant à boire et à manger lorsque la rupture du jeune du ramadan survient pendant un match [2].

À Paris, le collectifs Les Hidjabeuses s’est créé en 2020 pour revendiquer le droit des sportives de s’habiller comme elles le souhaite. Elles ont notamment saisi le Conseil d’État au sujet du règlement de la FFF concernant sont règlement sur les signes ostentatoires. Mais celui ci à rejeté leur requête, en allant ainsi à l’encontre des préconisations de son propre rapporteur public, qui préconisé l’abrogation de cette règle [3].

Retour à Chambéry, où les fulminations islamophobes de la FFF pourraient avoir des conséquences funestes. Dans son communiqué, le RN appel en effet à la suppression des subventions du club par le conseil régional, présidé par le très droitier Laurent Wauquiez, prompt à supprimer des financements à tout va. Une menace qui place le club dans une situation périlleuse, ses 220 licencié·es comptant sur cet argent pour permettre au club de fonctionner. Il s’agirait d’une véritable punition collective sous un prétexte profondément raciste. Depuis cette affaire, l’équipe féminine s’est quant à elle retiré des compétitions, préférant continuer de s’entraîner en s’habillant comme elles le souhaitent, quitte à sacrifier leur participation au championnat. Un exemple de plus de l’effet concret des politiques islamophobes qui prétendent défendre les droits de femme : les exclure des espace publics.

Edmond Rösti

[1] « Football : pourquoi la FFF interdit le port des collants et des casques au nom de la laïcité », Le Parisien, 30 avril 2024 [2] « FFF : pourquoi le ramadan est-il tabou dans le football français ? », Radio France, 22 mars 2024 [3] « Interdiction du voile dans les compétitions de football : le Conseil d’Etat juge la réglementation de la FFF « adaptée et proportionnée » », Le Monde, 29 juin 2023

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Le chlordécone est un pesticide qui a été utilisé massivement dans les bananeraies martiniquaises et guadeloupéennes jusqu’en 1993. Son utilisation plus longue dans les Antilles qu’en métropole a eu des conséquences sanitaires et environnementales dramatiques pour les populations des îles. La gestion coloniale de ces territoires par l’État français et le modèle agricole hérité de l’époque esclavagiste puis coloniale illustrent les liens irrémédiables entre luttes écologistes et luttes décoloniales.

Le chlordécone est un pesticide toxique, perturbateur endocrinien et neurotoxique utilisé pour lutter contre le charançon du bananier dans les bananeraies antillaises de 1972 à 1993. Alors qu’en France hexagonale l’utilisation du chlordécone a été interdite en 1990, sur les terres antillaises il a pu être employé encore trois années supplémentaires. L’OMS avait pourtant statué en 1979 sur son possible caractère cancérigène et aux États-Unis des accidents graves ont mené à son interdiction dès 1977. Désormais, les terres et les eaux antillaises sont polluées pour encore plusieurs siècles. On estime que plus de 90% des habitants et habitantes sont contaminé⸱es. Cette contamination accroît les risques de retard de développement cognitif pour les nourrissons et fait exploser le nombre de cancers, notamment celui de la prostate : la Martinique en détient le triste record du monde !

L’ère coloniale, un tournant géologique

La culture de bananes en Martinique et Guadeloupe est un exemple d’héritage colonial de la production locale puisqu’elle est destinée à l’exportation vers la métropole, tout comme celle de la canne à sucre. À la période du commerce triangulaire et de la traite des personnes noires mises en esclavage, ces cultures se sont développées pour faire la fortune de la France. Ces plantations marquent le début de l’ère géologique que Malcolm Ferdinand [1] nomme le « Plantationocène ». Il l’oppose à « l’Anthropocène », défini comme l’ère où les activités humaines ont commencé à être les premières forces de la transformation des écosystèmes, mais qui n’inclut pas les périodes esclavagistes puis coloniales comme facteurs majeurs du bouleversement du rapport à la terre et comme début de la diffusion du capitalisme.

Dans son ouvrage Une écologie décoloniale, Malcolm Ferdinand explique que ces plantations ont instauré un « habiter colonial ». Il s’agit, pour le chercheur, d’un rapport qui instaure l’exploitation de la terre à travers la déforestation, l’extraction et la plantation, ainsi que la création de la figure d’un « Autre », jugé inférieur. Cette vision du monde a conduit aux massacres et mises en esclavage des autochtones, ainsi qu’à la soumission des femmes, par les colons européens. Enfin, cet « habiter colonial » instaure la propriété privée et la terre comme marchandise exploitable, rendant les territoires colonisés dépendants à une métropole coloniale pour l’importation et l’exportation.

Plus de 90 % de la population locale

Ce schéma de dépendance s’observe encore aujourd’hui dans les Antilles sur les territoires toujours colonisés et dans les anciennes colonies encore sous influence impérialiste de la France et son commerce. Au quotidien, cela se traduit par des frais d’importation élevés pour les biens de première nécessité. Cela se fait au détriment de la mise en place d’une souveraineté alimentaire et maintient dans la misère la population avec un marché du travail tourné sur l’exportation de matières premières. C’est le marché français qui est privilégié prioritairement pour les échanges et non les partenaires économiques plus proches géographiquement.

En février 2024, une proposition de loi qui reconnaît la responsabilité de l’État français dans l’utilisation du chlordécone ainsi que ses dégâts sanitaires en Guadeloupe et en Martinique a été adoptée par les député⸱es. Mais ce texte est jugé insuffisant par les antillaises et antillais, notamment parce qu’il n’engage que l’État et non les principaux pollueurs, c’est-à-dire les entreprises, tandis que les indemnisations se font toujours attendre. Le procès en appel contre l’ordonnance de non-lieu rendu par la justice française début 2023 aurait dû se tenir le 10 juin. Il sera finalement reporté le 22 octobre 2024, sur un dossier ouvert depuis 2008.

Les personnes vivant dans les territoires dits « d’outre-mer » continuent d’être traitées comme des sous-citoyens et sous-citoyennes : leurs droits sont réduits, les répressions de l’État français sont violentes, des situations d’exception sont banalisées (on peut citer la pénurie d’eau durable que connaît la Guadeloupe), et la contamination de milliers de personnes se fait dans l’indifférence du reste de la société française.

Les capitalistes doivent payer

À cause de cette contamination, les cultures vivrières et la pêche ont été restreintes alors qu’elles sont essentielles à la population, tandis que la culture de la banane, plus résistante n’a pas été affectée et permet même d’en tirer un bénéfice économique. À côté de cela, le coût de la vie déjà bien plus élevé qu’en France ne va pas en s’arrangeant.

Les békés, directs descendants de propriétaires d’esclaves et aujourd’hui propriétaires des bananeraies continuent d’avoir un pouvoir immense sur les îles. Environ 1 actif sur 20 travaille dans la « filière Banane ». Ce sont eux qui sont à l’origine de la dérogation du ministère de l’agriculture en 1990 qui a prolongé l’utilisation du chlordécone : ils sont donc directement à l’origine de l’empoisonnement des terres, des animaux et de la population.

Le commerce triangulaire et la traite des esclaves ont contribué à la diffusion du capitalisme au niveau mondial dans les pays colonisés. En rendant possible l’accumulation primitive du capital [2] , c’est-à-dire des ressources, c’est la colonisation qui a permis la révolution industrielle dans les métropoles coloniales telles que la France ou le Royaume-Uni. Les modes de production sous le capitalisme créent un rapport extractiviste à la terre qui ne peut mener qu’à la destruction des écosystèmes et au désastre écologique que nous connaissons aujourd’hui.

Le capitalisme repose sur une inégalité dans les échanges économiques au niveau international et fonctionne main dans la main avec l’impérialisme. En économie, c’est ce que l’on appelle la nouvelle division internationale du travail : les pays et territoires, par le libéralisme, se spécialisent dans un type de production, ce qui rend la valeur des échanges inégale puisque les pays les plus riches se concentreront sur des productions à haute valeur ajoutée, tandis que les pays sous influence occidentale sont contraints de leur fournir les matières premières. Les figures révolutionnaires africaines, de Lumumba à Sankara ou encore Cabral, l’avaient bien compris, liant lutte contre le nécolonialisme et lutte pour l’indépendance. Frantz Fanon, quant à lui, a étudié le rôle d’intermédiaires des intérêts des capitalistes occidentaux que jouent les bourgeoisies locales des pays colonisés.

Penser une écologie décoloniale

Ce rapport colonial à la santé et à la terre est le même qui a organisé les essais nucléaires en Polynésie Française et qui a stérilisé les femmes, à La Réunion entre 1960 et 1970, ou encore dans sa version états-unienne, à Porto Rico. Bien sûr, il nécrose aussi les pays au centre du capitalisme, mais bien moins durement et encore une fois inégalement. En France hexagonale, le terme de « justice environnementale » se diffuse. Il dénonce le manque de considération par nos politiques des effets du dérèglement climatique par les populations vivant dans les quartiers populaires ou encore les personnes assimilées à la catégorie de « Gens du Voyage » qui en sont les premières victimes [3].

L’écologie décoloniale nous amène à repenser la place de ­notre État dans la division internationale du travail : si l’usine polluante n’est plus sur notre sol c’est qu’un autre pays en paye le prix pour des salaires de misère et des normes environnementales et un droit du travail au rabais ; si notre énergie nucléaire existe sur le sol métropolitain, elle implique une ingérence de notre État et de notre armée au Niger pour l’approvisionnement en uranium. Un certain nombre de guerres se déroulent pour l’accès aux matières premières comme c’est le cas au Congo. Une écologie au niveau international ne se fera pas sans une rupture de la Françafrique et la fin du pillage des ressources et de l’appropriation des corps des hommes et des femmes sous le modèle capitaliste.

Il y a une nécessité de décentrer et de politiser la lutte écologiste pour joindre nos forces aux collectifs et aux peuples luttant déjà contre notre impérialisme, pour une lutte écologiste internationale, anticapitaliste et décoloniale. Les ponts entre ces luttes existent déjà, il ne reste plus qu’à les soutenir et les emprunter : le capitalisme doit se combattre, car main dans la main avec le colonialisme il détruit les terres et exploite nos corps. Le prochain procès dans le cadre du non-lieu rendu par la justice française sur le scandale du chlordécone aura lieu le 22 octobre prochain, à Paris.

Louna (UCL Lyon)

[1] Malcolm Ferdinand est chercheur en sciences politiques et ingénieur en environnement. Il a notamment publié l’ouvrage Une écologie décoloniale, en 2019 aux éditions du Seuil. [2] On entend par là l’accumulation du capital (ressources, terres, outils et autres moyens de production) avant le développement du capitalisme. [3] Voir par exemple le travail de William Acker sur le racisme environnemental des personnes vivant sur les aires d’accueil (Où sont les « gens du voyage » ? Inventaire critique des aires d’accueil, publié en 2021 aux éditions du Commun), ainsi que le travail du collectif Banlieue climat.

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L’extrême droite prétend, aux portes du pouvoir, avoir rompu avec certaines de ses positions traditionnelles : infériorité des femmes et contrôle de leur corps, division naturelle des tâches, complémentarité des sexes, etc. Les discours pour la présidentielle de 2022 afin de récupérer les suffrages des femmes ont dans une certaine mesure fonctionné mais ils se heurtent pourtant à une réalité toute autre. Droit à l’IVG, PMA, transphobie, famille : le RN s’attaque à nos droits, notre autonomie et notre liberté à disposer de notre corps [15]

Si Marine Le Pen ne semble plus remettre en cause le droit à l’IVG, elle poursuit néanmoins ses attaques en refusant régulièrement de faciliter son accès, ou alors en s’accommodant d’alliés qui y sont radicalement opposés. Ses sorties en 2012 sur le déremboursement de l’avortement ou les soi-disant « avortements de confort », son soutien à Viktor Orbán (Hongrie) ou Mateusz Morawiecki (Pologne) sont autant d’exemples qui montrent ce qu’elle ferait une fois au pouvoir. Marine Le Pen se cache derrière des évolutions stratégiques de façade. En 2022, elle s’est par exemple opposée à la loi prévoyant l’allongement des délais de 12 à 14 semaines. Sur la constitutionnalisation du droit à l’IVG, un député RN sur cinq a voté contre et un sénateur sur trois, sans compter leurs nombreuses abstentions.

La politique nataliste défendue par le RN est incompatible avec un accès facilité à l’IVG et à la contraception [2]. Certains passages du livret famille du RN en 2022 sont très instructifs car la natalité y est vue comme la continuité de la nation, et la perpétuation de notre civilisation. Cette vision a des conséquences concrètes sur les projections politiques du RN, notamment du point de vue de nos futures régressions sociales. Ainsi, sur la question des retraites, Bardella disait : « Les bébés de 2023 sont les cotisants de 2043 », et Sébastien Chenu déclarait en 2023 : « Moi, je préfère qu’on fabrique des travailleurs français plutôt qu’on les importe ». Les thèses fémonationalistes ont ainsi le vent en poupe au RN. Elles propulsent la cause des femmes au service du racisme et du nationalisme blanc, en prétendant que les seuls ennemis des femmes seraient les migrant·es du Sud global, les musulman·es, les hommes des quartiers populaires et issus de l’immigration [3].

La haine des personnes LGBTI

Le RN le sait, il ne peut stratégiquement pas s’opposer pour le moment aux droits conquis de longue date et cimentés dans l’opinion publique. Mais sur les droits plus récents, fragiles ou encore à conquérir, leur position est plus claire. Tel est le cas des droits LGBTI : en 2020, des cadres du parti défilaient contre la PMA étendue aux couples de femmes et aux femmes célibataires, et Marine Le Pen elle-même s’y opposait, prétendument pour des « raisons juridiques » [4].L’an dernier, le RN créait une association pour lutter contre le « wokisme », y compris « la propagande LGBT à l’école » [5] Ces positions s’éclaircissent encore à la lumière de leurs alliances internationales. Au Parlement Européen, le RN fait du pied aux partis d’extrême-droite italiens et hongrois, tous deux au pouvoir [6].Or Fratelli d’Italia a commencé l’an dernier à annuler les liens de parenté des femmes ayant eu recours à la PMA [7], et fait désormais rentrer les anti-IVG dans les Plannings Familiaux [8]. Quant au Fidesz, aux positions nationalo-natalistes, il a interdit en 2021 la « promotion » de l’homosexualité en direction des mineur·es hongrois·es [9], via une propagande reprise par Marine Le Pen elle-même, évoquant du « prosélytisme sexuel ».

Surtout, le RN s’attaque désormais farouchement aux droits des personnes trans, et s’aligne ainsi sur la stratégie de « guerre culturelle » qui a fait de la moitié des USA un enfer pour celles-ci. Dans la foulée du dépôt de la loi des Républicains contre les mineurs trans [10], le RN en a déposé une similaire à l’Assemblée Nationale [11]. En séance, le sénateur RN Stéphane Ravier, manifestement à l’aise sur les éléments de propagande du réseau anti-trans, a prétendu que « les mineurs trans n’existent pas », parlant d’un « délire » qui « abatt[rait] toutes les limites anthropologiques » comme la famille [12].

Le refus du RN de nous laisser disposer librement de notre corps s’accompagne de positions anti-sociales, elles aussi par nature anti-féministes. Les syndicats publient des décryptages sur l’imposture sociale de l’extrême droite [13]. Si le RN cherche à consolider une image factice d’empathie avec les femmes les plus précaires, ses positions restent quant à elles limpides. Salaires, retraite, représentation des salariés, service public, emploi, égalité femmes/hommes (contestation de la réalité des inégalités salariales et souhait d’exclure par exemple les interruptions de carrière des critères de mesure), tout est régression. Toutes ces positions anti-féministes et anti-sociales du RN font de lui le parti le plus perméable aux thèses masculinistes [14].

Anne (UCL Montpellier) et Chloé (UCL Grenoble)

[1] Voir la tribune paru le 23 mai 2024 : « Le RN est l’ennemi des femmes ». [2] Mediapart : « La natalité, une obsession de l’extrême droite ». [3] Revue Contretemps : « Un racisme au nom des femmes » et le livre « Les nouvelles femmes de droite » de Magali Della Sudda. [4] Robin D’Angelo, « Le Rassemblement national défile contre la PMA pour toutes », lejdd.fr, 19 janvier 2020. [5] AFP, « Des élus RN créent une association pour lutter contre le « poison du wokisme » », Ouest-France, 12 avril 2023. [6] Youmni Kezzouf Lamant Ludovic, « Européennes:le RN relance le mercato des alliances à l’extrême droite », Mediapart, 23 mai 2024. [7] Sandra Favier, « En Italie, la guerre du gouvernement de Giorgia Meloni contre les familles homoparentales se concrétise », Le Monde, 25 juillet 2023. [8] Cécile Debarge, « L’Italie de Meloni ouvre les centres de consultation familiale aux anti- avortements », Mediapart, 3 mai 2024. [9] Jordane de Faÿ et al., « Culture : quand l’extrême droite est au pouvoir », Mediapart, 7 juin 2024 [10] « Offensive transphobe au Sénat : Rapports spécieux pour une loi abjecte », Alternative libertaire, mai 2024. [11] Texte n°2504 déposé le 11 avril 2024 [12] Compte-rendu intégral de la séance publique du 28 mai 2024 au Sénat [13] CGT, 9 juin 2024 « 10 points sur lesquels l’extrême droite relève de l’imposture sociale ». Solidaires, 12 juin 2024, « Le rassemblement national : un parti contre le service public et ses agent·es ! ». [14] Le Monde du 12 avril 2024 intitulé « L’inquiétant regain du masculinisme, cette pensée réactionnaire aux origines millénaires ». [15] Voir la tribune paru le 23 mai 2024 : « Le RN est l’ennemi des femmes ».

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Football : Carton rouge… et noir ? (www.unioncommunistelibertaire.org)
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La question du sport comme outil d’aliénation ou d’émancipation est entrée dans nombre de foyers lors de la Coupe du monde de football organisée par la FIFA au Qatar fin 2022. Et ce sont plutôt les aspects critiques qui ont prédominé dans les débats, autour de la question du respect des droits humains et des enjeux environnementaux. Un point sur le football pris dans une réflexion plus ample sur ses implications sociales semble donc nécessaire.

Le football n’est pas un objet qui flotte hors de la société qui l’a engendré. Il est une réalité multiforme qui touche à des degrés divers : pratiquant·es, fans, organisateur·ices et financeurs eux-mêmes le façonnent, tel un prisme dont ne regarder qu’une seule facette relèverait de la mauvaise foi. Se limiter à dénoncer l’hégémonie d’un football-spectacle devenu une marchandise ne visant que le profit serait aussi réducteur et partiel que de n’en louer que les débuts dans le monde ouvrier et sa place dans la culture populaire.

Remettre les valeurs sociales au cœur du sport

Le football a pris ces dernières décennies l’apparence d’un produit dont le commerce génère des milliards de chiffre d’affaires, aberrants au regard des urgences sociales, économiques et environnementales. Il est devenu l’archétype du sport-business et d’un monde où le spectacle remplace la participation effective pour cantonner les citoyen·nes au rang de simples consommateur·ices. En ce sens il ne nous ressemble plus et se transforme en un divertissement stérile voire nuisible pour le maintien de valeurs vivantes telles que la solidarité, le partage, l’équité, le plaisir de l’effort ou de sa mise en commun. Cependant, ne se résume-t-il qu’à ça ? Non. Il suffit de se pencher en détail sur ce qui compose cet « écosystème football » mondial pour se rendre compte que des facettes bien plus intéressantes existent et méritent d’être regardées de près.

En premier lieu, évoquons la réalité militante du club professionnel du quartier rouge de Hambourg, le FC Sankt Pauli, fraîchement promu en Bundesliga, la « Ligue 1 » allemande. Celui-ci est souvent présenté comme l’archétype d’une forme de résistance au foot-business. Une résistance qui se joue à l’intérieur même du système contre lequel le club s’est érigé depuis le milieu des années 1980 lorsque le mouvement des occupations d’immeubles vacants battait son plein dans la ville hanséatique. Depuis, les supporter·ices, majoritairement issu·es des mouvements sociaux locaux, ont investi les tribunes mais aussi (et c’est là que réside l’exemplarité) les instances du club, et se sont organisés autour de mots d’ordre et de principes forts et qui dénotent dans le paysage du sport-business : antisexisme, antihomophobie, antifascisme, solidarité internationale, engagement social local, modèle de développement économique soutenable...

Des îlots de résistance face au foot capitaliste

Tout cela se manifeste au jour le jour par les décisions constantes d’une « scène des fans » hautement responsabilisée et pleinement consciente des luttes à mener, l’équipe de football professionnelle du club servant principalement de vitrine à celles-ci. Il est difficile de lister les engagements du club tant les axes et les modes de mise en œuvre sont variés : du soutien à un centre de soins palliatifs pour malades du VIH à la création de puits autonomes dans des régions du monde où l’accès à l’eau est déficient, le FC St. Pauli tente de concilier le fait d’être un îlot de résistance et celui de participer malgré tout à un « système » qui ne valorise guère ce genre de prises de position.

Il est cependant à relever l’absence totale de solidarité du FC St. Pauli envers les Gazaoui·es victimes des exactions de l’armée israélienne qui ont suivi les attaques barbares du Hamas le 7 octobre dernier. Au contraire, c’est une position très pro-israélienne qui a été exprimée par la voix des Ultras Sankt Pauli et d’autres groupes de supporters [1]. Le tout au grand dam des fanclubs internationaux dont un certain nombre ont purement et simplement cessé leurs activités en lien avec le club [2]. La faute entre autres à l’influence du courant antideutsch, mouvance en vogue dans la gauche radicale allemande, se réclamant de l’antifascisme tenant des positions radicalement sionistes... par antinationalisme allemand [3].

S’il est facile de trouver dans d’autres pays des tribunes marquées à gauche s’exprimant sous forme de banderoles ou de drapeaux en faveur d’une lutte ou d’une revendication (Rayo Vallecano en Espagne, Red Star en France, West Ham en Angleterre, Livorno en Italie, Beşiktaş en Turquie...), il est beaucoup plus rare de voir les supporter·ices parvenir à modeler la vie de leur club en fonction de leurs engagements. C’est qu’en Allemagne existe une sorte d’exception au fonctionnement habituel qui voit le propriétaire de club et son conseil d’administration décider de tout : ici, les adhérent·es à l’association FC St. Pauli sont sa base démocratique.

Construire un football libertaire

D’autre part, il existe des exemples de résistance au modèle dominant sur de toutes autres échelles. De nombreux clubs plus petits que le FC St. Pauli se battent également pour redonner au football son caractère populaire et sa dimension d’acteur social local à l’instar du CS Lebowski (Florence), de l’Atletico San Lorenzo (Rome), du Ménilmontant FC 1871 (Paris), ou encore du Clapton FC (Londres). Pour chacun d’eux l’enracinement dans la réalité de terrain et le développement d’une culture sportive inclusive sont des fondements indispensables. Ils posent un contrepoint face à la recherche effrénée et délétère de performance que promeut le football professionnel estampillé UEFA ou FIFA. Et si le FC St. Pauli se montre frileux sur la question palestinienne, c’est tout l’inverse du côté du Ménilmontant FC.

Dans les tribunes de ces réalités sportives à mesure humaine, pas de diktats, pas de censure de la solidarité entre les peuples. Les maillots de ces équipes arborent souvent des symboles reliés à l’histoire du camp politique libertaire (comme le Clapton FC et son mythique maillot aux couleurs de la République espagnole). Et surtout, les solidarités s’y organisent de manière concrète avec des actions de soutien aux réfugié·es ou à tout un ensemble de causes que les communistes libertaires appuient de leur côté au niveau de l’UCL ou d’autres organisations. Elles trouvent d’ailleurs là une application dans un champ pratique qui déborde des organisations strictement politiques.

Alors, si le prisme offre des facettes diversement séduisantes, nous avons le choix de poser notre regard là où l’horizon est le plus intéressant. Nous avons la possibilité de chercher autour de nous ces initiatives, ces clubs qui opposent une résistance de fait au modèle hégémonique et gangrené du football professionnel. Ces clubs locaux ont une forte tendance à se multiplier et il se peut même qu’il y en ait un dans votre entourage ayant besoin de joueur·euses, animateur·ices, formateur·ices... C’est donc aux passionné·es du ballon rond de chausser leurs crampons pour appuyer ces réalités et tacler l’idée reçue que ce sport serait définitivement perdu pour celles et ceux qui aiment l’engagement partagé : en d’autres termes, c’est aux libertaires de jouer !

Accattone (UCL Lille)

Pour aller plus loin :

• Éloge de la passe : le sport comme apprentissage des pratiques libertaires, Collectif, Éditions Libertaires, 2012 • Une histoire populaire du football, Mickaël Correia, Éditions La Découverte, 2018 • Le grand footoir, Collectif, Solar Éditions, 2022 • Atlas du football populaire : Europe - Amérique latine, Yann Dey-Helle, Éditions Terres de Feu, 2024

[1] « Derrière le soutien de certains groupes ultras allemands à Israël », Dialectik Football, 19 novembre 2023. [2] « FC St. Pauli : rupture consommée avec plusieurs fanclubs solidaires des Palestiniens », Dialectik Football, 13 novembre 2023. [3] « Le phénomène antideutsch : une singularité de la gauche radicale allemande », Anne Joly, La Revue des Livres, juillet-août 2012.

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Ça marcherait peut être ici. A essayer. C'est vrai qu'ils sont zarbi au RN.

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« Ganhar ou perder, mas sempre com democracia » (gagner ou perdre mais toujours avec la démocratie), cette devise du club de football du SC Corinthians résume l’esprit de ce qui aura été pendant quelques années une incarnation sportive de la lutte contre la dictature militaire brésilienne.

Depuis 1964 et le coup d’état du maréchal Castelo Branco, le Brésil vit sous le joug des généraux, mais en ce début des années 1980 la contestation devient de plus en plus forte. La loi d’amnistie du 22 août 1979, prise alors que le Brésil traverse une forte crise économique qui fragilise le régime, et qui met sur le même plan les bourreaux et les victimes – puisqu’elle garantit l’absence de poursuites à la fois contre les policiers ou les militaires tortionnaires et contre les opposant·es engagé·es dans la lutte armée – marque cependant le début de la fin du régime des oligarques militaires. Les mouvements sociaux connaissent un regain de popularité. C’est donc en plein effervescence politique et sociale que naît une expérience footballistique et démocratique aussi brève qu’inédite, la «  démocratie Corinthiane  ».

L’autogestion dans les vestiaires et sur le terrain

« Les joueurs sont traités comme des esclaves. Le modèle autoritaire est remis en cause dans tout le pays, il doit l’être aussi dans le foot. ». C’est par ses mots qu’Adilson Monteiro, jeune sociologue de 35 ans, ayant fait ses armes militantes dans les mobilisations étudiantes des années 1970 et qui a connu les prisons de la dictature des généraux, inaugure sa prise de fonction au poste de directeur sportif du SC Corinthians, le club le plus populaire de Sao Paulo, en novembre 1981. Adilson Monteiro engage alors une révolution au sein du club : « Dites moi ce qui ne va pas, prenez vos destinées en main, ayez conscience que vous pouvez commander, nous déciderons tous ensemble ». Trois joueurs vont être les fers de lance d’un mouvement qui va profondément marquer le club : Socrates, Wladimir et Casagrande.

La démocratie est de mise dans toutes les décisions concernant le club, répartition des recettes, forme des entraînements, … sont élaborées et discutées collectivement. Socrates raconte : « Nous avons opté pour une solution d’autogestion en choisissant l’un de nos joueurs pour entraîner l’équipe ». Le club est alors vilipendé par la presse mais sur le terrain les résultats sont là, l’équipe ne perd aucun match entre novembre 1981 et juillet 1982 !

Une expérience qui dura quatre ans

La démocratie corinthienne dépasse largement le cadre sportif, c’est un modèle politique et social concret à opposer à la junte militaire. Dans son Histoire populaire du football, Mickaël Correia rappelle que « le SC Corinthians se revendique depuis sa création en 1910 comme le “club du peuple” – en opposition par exemple au plus huppé São Paulo FC –, l’équipe fournit à la société brésilienne un exemple vivant d’une expérience autogestionnaire qui tacle l’ordre établi, jusqu’à se muer en caisse de résonance des aspirations démocratiques de tout un pays » [1]. La victoire des Corinthians face au São Paulo FC en finale du championnat pauliste est une victoire autant sportive que politique, dans les tribunes une banderole géante est déployée, visible par les 80 000 spectateurs et spectatrices du stade mais aussi dans tous les pays par la télévision : « Gagner ou perdre mais toujours en démocratie ». La victoire des Corinthians signe la future défaite des généraux. Elle marque aussi l’apogée de la démocratie corinthienne et le début de la fin.

L’expérience ne durera même pas quatre années mais elle aura marquée profondément les esprits, au Brésil et bien au-delà, montrant qu’il était possible de pratiquer et faire vivre un football dans un cadre socialiste et démocratique, un sport où la victoire compte moins que la manière de le pratiquer et de le faire vivre.

David (UCL Savoies)

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Le foot palestinien dans la résistance (www.unioncommunistelibertaire.org)
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Le football est un champ de la résistance autant symbolique que matériel pour le peuple palestinien, ciment de son unité malgré son éclatement. À ce titre il est attaqué régulièrement par l’état sioniste, en Palestine comme à l’international.

Toute aspiration nationale palestinienne est combattue depuis la création d’Israël : la Palestine n’existe pas ! Dès lors hors de question de voir ses couleurs représentées dans les stades de foot. Pour cela Israël harcèle les équipes locales : le 10 novembre 2012 au cours de l’offensive « pilier de défense », le stade de Gaza est sciemment bombardé et 4 jeunes footballeurs âgés de 6 à 18 ans sont tués. Le 1er janvier 2014 des soldats ouvrent le feu sans sommation sur deux nouvelles recrues de l’équipe nationale palestinienne… de 19 et 17 ans. Ayant reçu des balles dans les pieds, les deux jeunes espoirs ne pourront plus jamais jouer au foot. Les blocus, check-points et barrages empêchent les sportifs de se retrouver pour jouer ensemble, les interdictions de se rendre à l’étranger sont récurrentes, des rencontres sont régulièrement annulées.

L’équipe nationale palestinienne est composée de joueurs cisjordaniens, gazaouis, palestiniens de 48 ou issus de la diaspora. Cet éclatement géographique entraîne de nombreux déplacements et incertitudes comme le confirme l’entraîneur Jamal Mahmoud « je ne sais jamais de quel joueur je vais pouvoir disposer [...] en général je compose trois équipes possibles et à la fin on voit qui on peut emmener » [1].

Des origines multiculturelles

La première fédération palestinienne de football est créée par un immigré juif biélorusse en 1928. Elle regroupe des clubs juifs comme arabes, mais dès les années 1930 les dirigeants juifs sont majoritaires au sein conseil d’administration, à partir de 1934 les clubs arabes n’ont plus leur mot à dire. Pour les coupes du monde de 1934 et de 1938 aucun joueur arabe ne fait partie de la sélection. Les Arabes créent alors leurs propres structures mais elles sont démantelées durant la Grande révolte arabe palestinienne de 1936-1939.

Après 1948 l’État d’Israël va faire mainmise sur les clubs de football des villages arabes d’Israël afin de les contrôler. Rapidement des tensions apparaissent, en 1964 un match entre deux équipes de villages juifs et arabes se termine en affrontements entre joueurs et supporters, le lendemain des centaines d’ouvriers arabes se mettent en grève. Deux mois plus tard l’Hapoël Bnei Nazareth, première formation arabe remarquée au sein du championnat israélien, célèbre son ascension en deuxième division en écrasant 8-0 l’équipe juive de Kiryat Shmona. En réaction Israël dissout la même année un réseau d’équipe de football qui tentent de former un embryon de championnat arabe entre plusieurs villes.

Mais nombre de joueurs arabes israéliens, excédés par le racisme des ligues israéliennes, sont attirés par les clubs nouvellement créés de Cisjordanie.

Carton rouge au racisme israélien

La fondation d’une ligue palestinienne est actée après les accords d’Oslo. La fédération palestinienne de foot est intégrée à la FIFA en 1998, devenant la première organisation internationale à reconnaître la Palestine comme état indépendant. Le 26 octobre 2006 se tient un match entre « les lions de Canaan » (nom de la première équipe arabe fondée en 1947) et l’équipe jordanienne. La rencontre se solde par un match nul, mais peu importe le résultat, l’important est ailleurs comme le dit le footballeur Murad Ismail Said : « une équipe qui vient jouer sur nos terres c’est une façon de reconnaître l’état palestinien » [2]. Trois jours plus tard ce sera au tour de l’équipe féminine palestinienne de se confronter à son premier match international à domicile toujours face à la Jordanie.

En termes de solidarité internationale, le football est également un espace de combat avec le boycott sportif mené par la campagne BDS. Concernant le foot, sera créé la campagne « carton rouge au racisme israélien » [3] rappelant que la Fifa avait suspendu l’Afrique du sud pendant 30 ans. En 2016 la fédération palestinienne appuyée par une soixantaine de député·es européen·nes proteste auprès de l’instance contre 6 clubs de football installés dans les colonies. La FIFA se mue alors en arène politique pour la cause palestinienne. Le football est aussi un terrain d’inventivité de la résistance symbolique de la population. En 2010, les gazaoui·es lancent leur propre coupe du monde, la Gaza world cup avec pour mot d’ordre : « si tu ne peux pas aller en Afrique du sud, le mondial viendra à toi » [5]. Durant deux semaines, seize équipes de la bande de Gaza dont 14 clubs professionnels se rebaptiseront de plusieurs noms de pays. « Nous voulons attirer l’attention du monde sur notre isolement et montrer qu’il y a une vie ici » affirme alors Tamer Qarmout, l’un des organisateurs de cet événement [6]. La finale opposera la « France » à la « Jordanie » dans le stade Yarmouk de Gaza, retransmis sur Al Jazeera, les vainqueurs recevrons un trophée réalisé par des artisans locaux à partir du métal retrouvé sur les bombardements israéliens. Pour conclure avec Mahmoud Darwich, « nous serons un peuple lorsque le palestinien ne se souviendra de son drapeau que sur les stades » [7].

La FIFA reconnaît la Palestine

Le 23 juillet 2009, Mahmoud Sarsak, footballeur palestinien du camp de réfugié·es de Balata, est arrêté alors qu’il se rendait à son nouveau club, il est incarcéré 3 ans sans jugements ni inculpation. Il fait une grève de la faim de 92 jours pour être libéré mais sa carrière est brisée en raison des séquelles de l’internement et des tortures. Une pétition est alors lancée et signée entre autre par Eric Cantona qui, dans une lettre, enjoindra à Michel Platini, alors président de l’UEFA à se positionner « il est temps de mettre fin à l’immunité d’Israël et d’insister sur les mêmes critères d’égalité et de respect de la législation internationale que nous exigeons des États » [4]. L’ex-buteur de Manchester United s’opposera également à la tenue de la coupe européenne de football des moins de 21 ans en Israël en 2013. En 2010, Michel Platini menacera bien Israël de ne plus faire partie de l’UEFA pour toutes ses exactions, mais de la parole aux actes...

Nicolas Pasadena (UCL Montreuil)

PAS DE GÉNOCIDAIRE AUX JEUX OLYMPIQUES !

Israël se sert du sport pour se promouvoir et se blanchir, avec notamment sa participation régulière ces dernières années au Tour de France sous la marque « Israël startup nation » (alors qu’Israël ne possède aucune fédération nationale de cyclisme !). La campagne BDS France a ainsi régulièrement ciblé le tour de France ces dernières années pour dénoncer cette participation. Alors que la grande « fête » des Jeux olympiques se déroulera pendant qu’on continue à mourir à Gaza, la campagne BDS espère bien s’inviter et perturber quelque peu les réjouissances en dénonçant la participation des équipes israéliennes, réclamant que l’état colonial endosse la même sanction que la Russie, exclue des Jeux olympiques pour son invasion de l’Ukraine.

[1] Mickaël Correia, Une histoire populaire du football, La Découverte, 2018. [2] Idem. [3] « On peut pas s’en foot », brochure BDS, 2014. [4] Idem. [5] Mickaël Correia, op. cit. [6] Idem. [7] Mahmoud DARWICH, La Trace du papillon – Pages d’un journal (été 2006-été 2007), Actes Sud, Arles, 2009.

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C’est souvent l’aspect spectaculaire du roller derby que l’on retient. Ça va vite, ça se bouscule, les couleurs sont criardes, difficile de suivre au début. Alors, sport ou spectacle ? Est-ce que ces personnes ne s’élancent sur des patins que par amour des tenues voyantes et des jeux de mots ? Ou est-ce que tout cela n’est qu’un prétexte pour étancher leur soif de compétition et de violence ? D’ailleurs est-ce qu’on pourra retrouver ce sport aux JO ?

Au commencement était le roller derby  ! On fait parfois remonter les origines de ce sport au début du xxe siècle. Il s’agit là d’une longue tradition de courses d’endurance ou de jeux en patins. C’est au milieu des années 1930 aux États-Unis qu’un homme d’affaires a l’idée de faire concourir des équipes dans des courses.

Dans le contexte de la Grande Dépression, les participant·es affluent et sont désespéré·es d’emporter les prix.

Très vite les équipes se bloquent, créent des stratégies qui sont incorporées au sport. Le tout est filmé et diffusé à la télévision. La vitesse et l’agressivité servent le spectacle. Les actions sont théâtrales et le port de protections ou le respect des règles sont optionnels.

Mais ces jeux finissent par disparaître dans les années 70. Jusque-là, on est bien loin d’un sport engagé et émancipateur.

Des origines capitalistes à un sport féministe et militant

Le roller derby tel que nous le connaissons naît plus tard. Tout commence au début des années 2000 à Austin au Texas. Des femmes et personnes queers s’inspirent de cette tradition de sports en patins pour se l’approprier. Elles créent leurs propres règles, mais avant tout, elles fondent des collectifs. De cette façon, elles investissent un espace qui leur est hostile, celui du sport, qui plus est un sport de glisse et de contact.

Leur pratique reste marginale  : comme pour les autres sports féminins, les financements sont rares et faibles, d’autant plus pour une discipline qui ne correspond pas aux codes marketing du sport « féminin ».

Pourtant rien n’y fait, plus qu’une appropriation, un sport est né. Pour cela, elles ont dû écrire leurs propres règles, trouver des lieux pour s’entraîner, développer des stratégies, une vraie organisation qui tend vers l’autogestion et qui repose sur la communication et le soin.

Parmi ces personnes, Shauna Cross écrit un roman sur une jeune athlète en patin : Derby Girl (2007), puis le scénario du film Bliss (Whip It !) réalisé par Drew Barrimore en 2009. L’acteur Elliot Page y joue une jeune femme qui s’émancipe des attentes de féminité de sa mère. C’est l’occasion de découvrir rapidement les règles, mais surtout la camaraderie, l’appropriation du sport par des personnes qui en sont habituellement exclues ou reléguées au rôle de faire valoir, et aussi une esthétique punk et camp.

Après la sortie de ce film, le roller derby fait presque partie de la culture populaire. À partir des années 2010, le roller derby s’implante même en France. Ce sport reste confidentiel et l’épidémie de Covid met à mal les clubs locaux, mais la magie continue.

Abracadacab

Sport basé sur des règles complexes (voir encadré) et demandant un large panel de compétences athlétiques, le roller derby c’est aussi beaucoup plus. D’ailleurs il n’y a pas forcément besoin de patiner pour « faire du derby ». Pour qu’un sport d’équipe, de contact et de vitesse se passe bien, il faut plus que deux équipes.

Il faut d’abord des arbitres, beaucoup d’arbitres  ! Des arbitres à rayure sur patins et des arbitres en noir à pied. Dans une approche anti-validiste, chaque volontaire peut trouver sa place et les caractéristiques de chaque joueur·euse sont prises en compte par les arbitres, par exemple pour les personnes malentendantes. Il faut aussi des bénévoles, car chaque aspect de l’organisation d’une rencontre et de la vie d’un club est assuré bénévolement par ses membres.

De part ses origines militantes, le roller derby moderne a rapidement interrogé la séparation genrée de ses équipes. Pensé dès son origine comme un sport féminin, la plupart des équipes de derby sont aujourd’hui en mixité choisie sans hommes cisgenres. L’équipe de France se définit comme une équipe féminine + et intègre plusieurs personnes trans.

Elle n’a pas manqué d’afficher son soutien aux personnes trans dans le contexte de propositions de lois transphobes de ces derniers mois. Les contours de cette mixité choisie restent le fruit de discussions régulières aux seins des équipes avec pour objectif de préserver des espaces où chacun·e peut trouver sa place.

Il s’agit de trouver une identité et de s’exprimer politiquement, ce qui passe aussi par les numéros et les noms de maillots aussi appelés derby names. En plus des numéros 666, ou 404, on retrouve de nombreux 1312 (ACAB) et autre 161 (AFA).

De la même façon, les derby names permettent également de s’exprimer, de s’approprier une identité souvent riche de jeux de mots comme Noh’Passar’Ass et autres Abracadacab. Toujours engagé et dans un souci d’inclusivité le roller derby tolère aussi les hommes cisgenres dans des équipes « All Gender ».

Institutionnaliser mais à quel prix ?

Ce sport demande un investissement collectif et personnel conséquent. En échange, les personnes qui s’y investissent trouvent un espace bienveillant où s’épanouir. Il s’agit d’un espace ouvert pour les personnes qui ont été jusque-là exclues du sport.

Le care [1] et l’écoute active jouent ainsi un rôle central pour créer des liens de solidarité puissants.

Cette tradition à la fois militante et sportive a permis à de nombreuses personnes d’accéder au sport et parfois de le pratiquer à haut niveau, mais aussi de s’investir activement dans la vie de leur équipe et de leur club.

Mais cet investissement peut peser lourdement sur les individus, et dans certains cas un désir de reconnaissance peut se traduire par une volonté d’institutionnaliser la discipline. Ce nouveau contexte peut sembler peu compatible avec l’engagement militant qui caractérise le roller derby : si l’équipe de France peut s’engager pour les personnes trans, c’est parce qu’elle ne relève pas du ministère des Sports.

Pour les personnes qui défendent une institutionnalisation, cela devrait apporter plus de moyens, permettre à des personnes de se professionnaliser et un meilleur accompagnement des joueur·euses.

Il faudrait faire peau neuve, on porterait son nom sur son maillot et un numéro moins fantaisiste par exemple.

Il faudrait sûrement aussi se plier aux règles classiques du sport, c’est-à-dire à une distinction au sein des équipes par le sexe tel que reconnu par l’administration et non par le genre tel qu’autodéterminé par les personnes, une hiérarchie surplombante qui pourrait limiter des pratiques militantes et malheureusement mener à un accompagnement dégradé pour les personnes investies dans ce sport.

On peut aussi rappeler l’état du sport féminin dans d’autres disciplines plus établies, où les pratiquantes commencent à peine à se faire rémunérer sans pour autant vraiment se professionnaliser.

On peut également faire remarquer que le mouvement #MeToo dans le sport n’a pas épargné le roller derby.

Rien d’étonnant quand on considère les violences structurelles dans nos sociétés. En revanche, la réaction a été assez virulente pour entraîner une série de démissions au sommet de la Fédération française de roller et skateboard (FFRS) [2].

Proposer une alternative

Le roller derby reste un espace à défendre ainsi qu’un espace de débat et d’innovation. Ce sport ne cesse d’évoluer et accueille maintenant une nouvelle génération avec la création d’une ligue junior. Cette évolution a mené à de nouvelles pratiques pour protéger ces nouvelles personnes.

Une progressivité dans les contacts en fonction de l’âge et du niveau a ainsi été mise en place et de même des règles pour encadrer les interactions entre des adultes et des mineurs concernant par exemple la séparation des vestiaires.

Les clubs qui souhaitent créer une équipe junior doivent également se mobiliser pour entraîner ces nouvelles recrues, ce qui représente un investissement supplémentaire de temps et d’énergie. Il faut également communiquer avec les parent·es qui bien que de bonne volonté ne sont pas toujours militant·es ni toujours au courant de la dimension politique du roller derby.

De nouvelles personnes arrivent et investissent cet espace, ouvrant ce sport à de nouveaux défis pour se maintenir et garder sa force militante, où les rencontres sont l’occasion d’échanges riches.

Si une manifestation a lieu après un évènement, la solidarité s’organise pour rejoindre le cortège après le dernier match.

L’athlétisme et la stratégie rencontrent dans le derby des valeurs fortes d’entraide, de bienveillance et de care. Il s’agit de se dépasser dans un esprit radicalement fair-play. Mais alors, y aura-t-il du roller derby aux JO 2024  ?

Ce n’est pas au programme, et pour assister à un match il faudra plutôt se déplacer dans un gymnase municipal près de chez vous. Trop compliqué, trop engagé, trop queer, les raisons sont nombreuses et c’est sûrement là l’intérêt de ce sport  : proposer une alternative.

Le roller derby, c’est développer ses capacités physiques et son humanité avec radicalité. Avec plus de 4 500 licencié·es en 2024 et plus de 50 ligues en France, ce sport va continuer d’évoluer et qui sait, peut-être que vous aussi vous serez là au match avant la manif  !

Angela Merguez

Le Roller Derby, mode d’emploi

Le roller derby comporte de nombreuses règles visant entre autres à rendre la pratique aussi sûre que possible pour les participant·es. On pourrait vraiment prendre des heures pour les détailler, mais on va tenter de se limiter à quelques lignes.

Le derby c’est donc un sport de contact sur patins et en équipe qui se joue sur une piste ovale, le track !

Chaque match est divisé en jams de 2 minutes maximum. Pour chaque jam, quatre bloqueur·euses par équipe sont aligné·es sur le track. Derrière elleux, il y a les deux jameur·euses, toujours une par équipe. C’est ielles qui marquent les points !

Au premier coup de sifflet, les jameur·euses s’élancent. Dès qu’un·e des jameur·euses a passé les bloqueur·euses, il lui faut faire un tour pour commencer à marquer des points.

Chaque bloqueur·euse adverse qu’ielle dépasse lui rapporte alors un point. Un jam a beau être court, l’effort demandé est intense. Heureusement 30 secondes sont prévues pour changer les lignes : les joueur·euses qui étaient sur le track sont relayées par leurs coéquipier·ères !

Pour que tout se passe bien, il y a deux personnes à pieds : la·e line-up, qui organise les lignes, et la·e bench, qui guide la stratégie de son équipe. Après deux mi-temps de 30 minutes, c’est l’équipe qui marque le plus de points qui gagne !

Avec une mi-temps de 15 minutes, cela fait une heure quinze de concentration et d’effort physique parfois brutal. Il faut donc beaucoup d’arbitres sur le terrain pour suivre un grand nombre d’actions très rapides et assurer la sécurité sur le track : jusqu’à 17 arbitres soit 7 en patins et 10 sans patins.

Le travail se fait également en amont par la formation des joueur·euses. Pour participer à un match, le club doit s’assurer que ces personnes ont les savoirs faire et connaissances théoriques de bases nécessaires pour ne pas mettre en danger les autres et ne pas se mettre en danger soi-même, ce qu’on appelle les MS, Minimum Skills.

[1] « Soucis des autres, soin, attention, sollicitude, aucune de ces traductions possibles prises isolément ne rend justice à l’enchevêtrement des pratiques qui, à différents niveaux, permettent de “maintenir, perpétuer, réparer notre « monde », de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible” », Dictionnaire des féministes, sous la direction de Christine Bard, PUF. [2] « Violences sexuelles : démission du président de la Fédération de roller et skateboard », Le Monde, 6 mars 2020.

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Gauchiasses

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